TRANSHUMANCE
L’air sec frémissait dans des odeurs de lavandin et des vibrations d’insectes. De lointains bêlements s’interpellaient en rumeurs, au milieu des tintements de clochettes, à peine perceptibles. Au fond de la vallée, une brume dorée troublait la lumière matinale.
Les hommes marchaient devant le tapis de laine bistre qui bêlant, chevrotant, avalait la route. Chaloupant ici et versant là, les dos laineux, marqués de taches cabalistiques rouges et bleues, moutonnaient sans cesse. Prenant possession de la vallée, ils s’y étalaient aussi loin que portait la vue.
La marche rapide des chiens au pelage blanc et noir rectifiait constamment la colonne. Jappant, grognant, remontant et descendant le troupeau, quêtant l’encouragement des maîtres. Les ovins hochaient têtes et clochettes, les oreilles en sautoir. À l’écho des sifflements et des interjections gutturales répondaient les aboiements et les cavalcades des sabots qui rentrent dans le rang.
Un vieux bouc biscornu, le pelage grisé, menait en éclaireur la sarabande sur la route des alpages. Ployant le cou sous le poids de sa cloche de tôle, il oscillait, se retournant sans cesse comme pour encourager ses troupes de l’agacement de son grelot.
Le long ruban sans fin de moutons dociles et pressés se déroula jusque tard dans l’après-midi. Les lumières horizontales brassaient encore des volutes de poussières et d’odeurs grasses, quand la vallée s’abandonna au vertige du silence.
JM
Interview de Michelle JALLET, directrice du Centre de Formation professionnelle du Merle à Salon de Provence et de Patrick FABRE, directeur de la Maison de la transhumance.
« On manque de bergers qualifiés en France ». « C’est un métier romantique d’être berger, mais c’est surtout un métier moderne. C’est un métier qui demande beaucoup de technicité. Métier complexe et polyvalent. Il faut avoir plusieurs compétences pour faire ce métier et ce n’est pas un métier facile ».
« On distingue plusieurs statuts. Il y a les éleveurs propriétaires du troupeau. Quand il y a un gros troupeau, ce n’est pas eux qui gardent les bêtes. Ils (les) donnent en garde à un berger salarié. Il y a le statut d’exploitant agricole, ce sont les éleveurs et le statut de salarié, ce sont plutôt les bergers ».
« C’est un vieux métier berger qui n’a cessé d’évoluer, qui désormais demande beaucoup de compétences, qui est rempli de contraintes qu’il faut assumer surtout lorsque l’on est berger transhumant, tels les jeunes que nous formons »
« Le berger ne va pas prendre en compte la seule composante animale. Il va prendre en compte les animaux, l’économie, l’environnement. Les troupeaux vont avoir de gros impactes sur l’environnement, sur la gestion des espaces, sur leur entretien »
« (C’est) l’un des plus vieux métiers du monde, berger (et) c’est un métier moderne. C’est un métier technique et il faut que les bergers maîtrisent plusieurs aspects du métier. Zootechniques sur l’alimentation, la reproduction, la gestion sanitaire, la sélection des troupeaux. Il faut des résultats économiques et que les brebis donnent le plus d’agneaux en bonne santé. Quand le berger est en montagne, il faut qu’il gère l’environnement et sa vie quotidienne. Il n’est plus isolé dans la montagne, puisqu’il a des moyens de communication de transport, il y a l’héliportage, il est utilisateur d’énergie renouvelable, tous ces aspects-là sont modernes ».
« Les bergers sont souvent seuls, mais pas tant que ça. La montagne et les alpages sont des endroits que l’on doit partager de plus en plus. Il y a d’autres acteurs randonneurs, vététistes, etc. Ce sont des jeunes qui viennent au métier qui ne sont pas issus de l’agriculture. C’est un métier qui demande beaucoup de responsabilités, d’autonomie, des prises d’initiatives et du bon sens ».
« Il y a de plus en plus de femmes qui viennent à la formation du Merle. Cette année, il y a la moitié de la promotion de bergers qui sont des bergères ».
« Si l’on parle de transhumance, notre pays (la France), avec la région (PACA) et les Pyrénées, le Massif Central est celui où elle s’est le mieux maintenue ».
« La transhumance, la plupart du temps, c’est en camion aujourd’hui. Sur la région Provence Alpes Côte d’Azur, il y à peu près 600 000 brebis. C’est économiquement quelque chose de très fort. Il y a encore 25 000 brebis qui montent à pied vers les Alpages, essentiellement depuis le Haut Var ou des Alpes de Haute Provence. Ces bergers, ces éleveurs ont gardé cette passion de faire la route. (Cela) permets d’économiser le coût du transport et les bêtes s’adaptent plus facilement. C’est une passion (pour) ces éleveurs, mais c’est de plus en plus compliqué, parce qu’il y a de plus en plus de circulation » ;
« La nécessité de faire monter les moutons dans les alpages est d’abord économique. Il fait trop chaud dans nos régions, en bas. Les brebis vont prendre le bon air de la montagne, la bonne herbe des alpages. Ça leur permet de reconstituer leurs réserves corporelles, c'est-à-dire de faire de la viande, de faire du gras, pour des agneaux qui seront vendus à la descente de montagne. Et puis ça leur permet aussi d’assurer leurs gestations parce que dans notre système transhumant, les brebis sont gestantes l’été et elles vont mettre bas à l’automne ».
« Il y a la brebis qui est la femelle et le bélier qui est le mâle. Le mouton a été domestiqué il y à peu près 8 à 9 000 ans. (Il) est présent dans les cinq continents. Aujourd’hui on élève surtout des brebis, puisqu’on produit des agneaux et donc de la viande. Quand on dit troupeau de moutons dans un pré, ce sont en général des troupeaux de brebis pour pouvoir produire des agneaux. On compte un bélier pour 40 femelles ».
« On est dans des systèmes extensifs. On a modernisé. Les brebis, les agneaux, les béliers ont la chance de manger de l’herbe. Ce sont des troupeaux qui sont toute l’année au pâturage entre la Provence et les Alpes, tous les jours, toute l’année. Sauf en cas de très, très mauvais temps (ils) sont dehors à manger de l’herbe. Ce n’est pas industrialisé, on joue sur la complémentarité plaine et montagne, les agneaux sont avec leur brebis mères. C’est un système presque naturel ».
« Au niveau de l’élevage du mouton, on est soumis à la concurrence de la Grande-Bretagne par rapport à la commercialisation des agneaux et notamment de l’hémisphère sud Australie et Nouvelle-Zélande. Ceci dit, dans notre région, on mange beaucoup d’agneau. Le mouton c’est l’animal de la méditerranée. On produit dans notre région seulement deux agneaux sur dix consommés. On ne s’offusque pas des importations qui arrivent ».
« On ne produit plus pour la laine, comme avant. La laine … ne rapporte plus grand-chose. Nos trois races principales, c’est la Mérinos d’Arles, après on va trouver la Préalpes et la Rouge de Guillaume. On essaie de revaloriser la laine mérinos qui est de qualité. Il y a un marché qui semble se rouvrir pour cela. Mais on produit surtout pour la viande dans nos systèmes. D’autres régions produisent pour du lait comme dans le bassin de Roquefort et dans les Pyrénées aussi avec des fromages de brebis tel que l’Ossau-iraty. En Provence on va produire du lait de chèvre. Ce n’est pas un bassin de production de lait de brebis, sauf en proximité du Piedmont. Comme avec des races de brebis comme les Brigasques, mais dont les troupeaux ont beaucoup diminué ».
« Nous on ne crie pas au loup, en tant que centre de formation on n’est pas appelé à prendre position sur la présence ou non du loup. On fait passer à nos élèves que c’est une contrainte supplémentaire au métier et on va leur donner les moyens de s’en protéger. On va leur expliquer ce que peut faire la présence d’un loup et d’une attaque sur le troupeau et quelques sont les moyens de protection. Il y a les chiens de protection qui sont des Montagnes des Pyrénées ou des Bergers d’Anatolie, donc des races qui vont protéger le troupeau des chiens de défense qui iraient éventuellement se battre contre un loup ou qui vont dissuadé l’attaquent en faisant peur au loup. Et puis il y a les chiens de garde plutôt dans des races comme le Border Collie, ce sont des chiens de travail, c'est-à-dire qu’ils vont aider le berger à gérer son troupeau dans l’espace. Qui va ramener les brebis au parc le soir. Le berger peut-être amené à avoir ces deux types de chiens c’est une contrainte supplémentaire puisqu’il doit gérer les troupeaux et les chiens ».
« Les chiens errants attaquent beaucoup moins les troupeaux que ce que l’on entend dire. Le problème des chiens errants existe, mais les chiffres annoncés sont fantaisistes. Cela concerne plutôt les territoires proches des villes, et pas forcément dans nos régions. Le loup nous pose plus de problèmes. Il est présent maintenant partout. Nous disons à la société d’aujourd’hui la contrainte qu’apporte le loup au métier de berger, d’éleveur transhumant et de ce que cela risque de produire pour les années qui viennent. Il y a sans doute à un moment donné des choix à faire entre le pastoralisme et la présence des prédateurs ».
« Les bergers sont indemnisés lorsque les brebis sont attaquées par des loups, mais lorsque les corps sont retrouvés. Une bête peut être emmenée par le loup, basculer dans un ravin, vous ne la retrouvez pas. Nombre de brebis « prédatées » ne sont pas indemnisées. Il y a le problème des brebis indemnisées, mais il y a surtout toute l’année des contraintes morales, techniques, économiques pour l’éleveur et le berger. Ça ne se résume pas au nombre de brebis tuées et indemnisées. C’est beaucoup plus complexe que cela ».
Interview recueilli au micro de La Gueule de l’emploi par Jacques Marie pour Radio Dialogue
Le métier de berger
Missions
Le berger surveille et conduit le troupeau assure d’ovins et lui dispense des soins si nécessaire. Il travaille pour le compte d’un ou plusieurs éleveurs. Il réalise éventuellement la transformation fromagère.
Il observe l’état général et le comportement des animaux. Il organise, le parcours qu’il empruntera avec le troupeau lors de l’estive (pâturage de montagne où séjournent les animaux en été). Il dresse et utilise le ou les chiens pour la conduite du troupeau. Exceptionnellement, il peut être amené à assurer l’agnelage, c’est-à-dire la mise bas des brebis. Il apporte les soins généraux aux bêtes, plaies, sutures, piqûres, etc..
Moyens
Le berger entretient les équipements de l’estive, qui est la période de l’année où les troupeaux paissent sur les pâturages de montagne, et organise sa vie quotidienne. Il prévoit et commande l’outillage pour les travaux de maintenance. Il exécute les travaux de réparation. Il nettoie le matériel et les équipements. Il prévoit son équipement personnel et son alimentation.
Production
Il réalise la transformation du lait de brebis, affine et conserve le fromage et le prépare pour le transport. Il nettoie le matériel de traite et de transformation.
Perspectives d'évolution professionnelle
Le berger, s’il développe ses connaissances techniques et des capacités de gestion, pourra choisir de s’installer en tant qu’éleveur ovin, en complétant son cursus par un Brevet Professionnel Responsable d’exploitation Agricole BPREA, ou en tant que berger sans terre, c’est à dire en étant propriétaire uniquement des bêtes.
SAINTS PATRONS
Sainte Germaine Cousin ou Germaine de Pibrac que l’on fête le 15 juin est la Sainte patronne des bergers du Centre et du Sud-Ouest de la France. Née en 1579, à Pibrac, petit village en proximité de Toulouse, elle est la fille d’un paysan. Orpheline de mère, elle est handicapée de la main et scrofuleuse. Lorsque son père se remarie, elle lui demande de lui laisser garder les troupeaux. Cela lui permit d’échapper à la méchanceté de sa belle-mère. On dit que sa quenouille gardait les troupeaux pendant qu’elle s’abîmait dans la prière ou allait à la messe. Jamais un loup, pourtant fort nombreux à cette époque et en ce lieu, n’attaqua son troupeau. Particulièrement charitable, elle partageait son maigre pain avec plus pauvre qu’elle. Sa belle-mère l’accusant d’avoir volé du pain, on trouva dans son tablier un bouquet de roses. Elle mourut à l’âge de 22 ans.
Sainte Germaine est aussi la patronne des faibles, des malades, des déshérités.
Saint Véran, fêté le 11 septembre, était évêque de Cavaillon au VIe. Avec la grâce de Dieu, il guérissait les malades par un signe de croix. Originaire du Gévaudan, Véran serait mort en l'an 590 dans la ville d'Arles où il s'était rendu pour un Concile. Il fut inhumé dans l'église de Fontaine-de-Vaucluse qui possède son sarcophage mérovingien.
C’est le Saint patron des bergers transhumants de Provence. Il est toujours invoqué pour la guérison des malades.
St Druon que l’on fête le 16 avril est le saint patron des bergers du Nord de la France. Né orphelin en 1118 du côté de l’actuelle Valencienne. Son père était décédé avant sa naissance et sa mère mourut en couches. Il devint berger et très croyant, entrepris de nombreux pèlerinages à Rome. Lors de ses voyages, il dispensait de nombreux conseils aux paysans pour la préservation de leurs troupeaux. Il finit sa vie à Sebourg, village du nord de la France, reclus durant 40 ans dans une cellule au chevet de l’église paroissiale. Il décède en1186.
St Loup de Troyes que l’on fête le 29 juillet est né en 427. Evêque de la ville de Troyes, il assista à l’effondrement de l’Empire romain. Ses bonnes relations avec Attila lui permirent de préserver la région de Champagne de l’invasion des Huns, se positionnant comme le pasteur qui protège son troupeau. Il est mort en 479.
Il est le saint patron des bergers de l’Est de la France.
St Cuthbert que l’on fête le 29 novembre est le saint patron des Bergers anglais. Né en 1544 il était berger et vivait en Ecosse. Il devient prêtre anglican et converti au catholicisme, il fut condamné à mort pour « avoir introduit la superstition en pays de Cornwall et célébré la messe romaine ». On l’éventra et le dépeça vivant sur la grande place de Launceston en 1576.
Sources : La Fleur des Saint – Omer ENGLEBERT – Albain Michel – 1984
FORMATIONS DIPLÔMES
BPA Élevage espèce ovine / Bergers transhumants.
Formation qualifiante et diplômante, de niveau V, le Brevet Professionnel Agricole de berger est un diplôme d’ouvrier qualifié en travaux des productions animales, option élevage des ruminants. Cette formation se réalise au travers de stages pratiques se déroulant en au rythme des saisons qui reflètent les périodes de travail de l’élevage ovin transhumant et qui permettent l’acquisition des gestes professionnels.
BEPA Conduite de productions agricoles, spécialité productions animales.
Le Brevet d’Études Professionnelles Agricoles, de niveau V, permet au titulaire la conduite de productions agricoles spécialisées dans la production animale. Le titulaire participe aux travaux de l’exploitation agricole en particulier pour la mise en œuvre des opérations et techniques liées à l’élevage.
Titre homologué Berger vacher pluriactif.
Formation certifiante de niveau IV. Elle permet de surveiller et conduire un troupeau en montagne et adapter cette conduite aux particularités d’une estive. Elle qualifie pour les soins aux animaux, la
conduite et le comportement du troupeau, la connaissance de l’estive et l’adaptation à la vie en estive, la production de fromage en montagne, la connaissance du milieu socio-professionnel et du pastoralisme.
Certificat de spécialisation Conduite de l’élevage ovin.
Cette formation s’adresse en priorité aux futurs éleveurs et techniciens en production ovine. Elle est accessible aux publics adultes, avec ou sans expérience professionnelle, de niveau CAPA jusqu’au BTS, intéressés par la production ovine. Le stage, 50 % du temps de formation, peut être réalisé dans diverses structures en lien avec le projet personnel du stagiaire.
ETABLISSEMENTS ET CENTRES DE FORMATION
Centre de Formation Professionnelle Agricole Ariège Commingen
Le Cabirol
B.P.111
Route de Belpech
09100 PAMIERS
Tél : 05 61 67 04 60
Tél : 05 61 67 04 60
Courriel : cfppa.pamiers@educagri.fr
CFPPA ''La Cazotte''
Route de Bournac,
12400 SAINTE AFRIQUE
Tél : 05.65.98.10.35 Fax :
Courriel : cfppa.st-affrique@educagri.fr
Site internet : www.supagro.fr
CENTRE DE FORMATION DES MERLES
CFPPA de Salon de Provence
domaine du Merle
route d'Arles
13300 SALON DE PROVENCE
Tél : 04 90 17 01 55
Fax : 04 90 17 01 59
courriel : cfppa.salon-de-provence@educagri.fr
domaine du Merle
route d'Arles
13300 SALON DE PROVENCE
Tél : 04 90 17 01 55
Fax : 04 90 17 01 59
courriel : cfppa.salon-de-provence@educagri.fr
CFPPA de Die
avenue Clairette
26150 DIE
Tél : 04 75 22 04 19, fax : 04 75 22 10 11,
Site internet : http://www.cfppa.die.educagri.fr
Lycée agricole de la Côte Saint André,
Pôle de formation agro-environnemental
57 avenue Charles de Gaulle
BP 83
38260 LA COTE SAINT ANDRE CEDEX
Tél : 04 74 20 40 77
Fax : 04 74 20 38 27
Courriel : legta.cote-st-andre@educagri.fr
Site internet : http://www.formagri38.com
Fax : 04 74 20 38 27
Courriel : legta.cote-st-andre@educagri.fr
Site internet : http://www.formagri38.com
CFPPA Lannemezan
116, 131 chemin du Bidalet
65300 LANNEMEZAN
Tel: 05.62.98.07.94
Courriel : cfppa.lannemezan@educagri.fr
Site internet : http://www.eplefpa65.educagri.fr
REINACH FORMATIONS
Etablissement public local agricole de Savoie
Domaine Reinach
73290 LA MOTTE SERVOLEX
Domaine Reinach
73290 LA MOTTE SERVOLEX
LEGTA Tel : 04 79 25 41 80 / Fax : 04 79 25 19 82
CFPPA Tel : 04 79 25 42 02 / Fax : 04 79 25 44 08
FERME REINACH : Tel : 04 79 25 41 28 / Fax : 04 79 44 47 41
ANEFA, Association Nationale pour l’Emploi et la Formation en Agriculture
4, rue Saint Quentin
75010 PARIS,
Tél :01 46 07 58 22 - Fax : 01 46 07 55 50
Site internet : www.anefa.org
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