« Puce ta mère », « nos brebis ne sont pas des ordinateurs »... La fronde de certains éleveurs contre le puçage électronique de leurs brebis se poursuit. Après des manifestations, en février dans la Drôme et en mars dans le Tarn notamment, ils se sont de nouveau mobilisés, mardi 27 mai, à nouveau dans la Drôme. Une cinquantaine de manifestants se sont réunis avec cloches et pancartes en soutien à un couple d'éleveurs, sanctionnés pour avoir refusé de pucer électroniquement leur mouton.
Propriétaires d'un troupeau d'une soixantaine de brebis à Mévouillon, dans le sud de la Drôme, Irène Bordel et Etienne Mabille demandent au tribunal administratif de Grenoble l'annulation d'un arrêté du préfet de la Drôme de 2012, supprimant leur prime aux ovins et leur imposant une pénalité pour n'avoirpas respecté l'obligation d'identifier leurs bêtes à l'aide de puces électroniques individuelles. Egalement producteurs de plantes aromatiques, légumineuses et céréales en agriculture biologique, le couple estime avoir perdu 12 000 euros au total à cause de ces sanctions.
L'avocate du couple, Mélanie Cozon, a défendu lors de l'audience le choix deses clients, fondé sur des « questions éthiques », des « problèmes de santé » et des questions liées « au bien-être animal ». « Les puces sont lourdes et sources de nécroses », a notamment soulevé Me Cozon. Elle a aussi estimé que cette obligation de puçage « méconnaissait le principe d'égalité », sans faire de distinction selon la taille de l'exploitation, petite ou intensive. Le rapporteur public a soutenu la demande des éleveurs, au motif que l'arrêté du préfet était insuffisamment motivé.
« FAIRE DISPARAÎTRE LES PLUS PETITS »
Les éleveurs ont assuré qu'ils persisteraient dans leur refus du puçage, quelle que soit la décision de la justice. « Aujourd'hui, c'est nos animaux, demain, ce sera nos enfants. Ce n'est pas un refus de la technologie mais de la manière dont elle est utilisée aujourd'hui, a critiqué Etienne Mabille. Les chevaux ont l'obligation de puçage depuis bien plus longtemps que les brebis. Et ça n'a pas empêché des chevaux de finir dans des lasagnes. »
La Confédération paysanne a pour sa part dénoncé « l'empilement aberrant d'obligations inutiles dont les paysans font l'objet » alors que « tous les scandales sanitaires sont le fait de l'industrie agroalimentaire ». « Ces réglementations n'ont qu'un objectif : imposer aux paysans des normes industrielles afin de faire disparaître les plus petits au profit de grosses exploitations servant les intérêts de l'industrie agroalimentaire », a ajouté le syndicat agricole.
En mars, des manifestants s'étaient mobilisés par solidarité avec un autre éleveur, Laurent Larmet, dans le Tarn, également condamné à des milliers d'euros d'amende et de suppression de primes agricoles pour avoir refusé cette identification, obligatoire depuis la traduction dans le droit français d'une réglementation européenne en 2005. « Le tatouage est la meilleure méthode d'identification, le puçage électronique peut être falsifié », avait-il notamment argué, appelant à sortir « de la logique de supermarchés ».
En février, des bergers allemands étaient aussi venus d'outre-Rhin jusqu'à la préfecture de Valence pour exprimer leur solidarité avec les éleveurs drômois, et rappeler qu'ils ont déposé un recours devant la Cour européenne contre cette obligation d'implanter ces puces RFID (radio frequency identification) – qui permettent selon eux d'identifier et de suivre un objet ou un être vivant à distance. « Cet outil ne nous apportera rien, on n'a pas envie d'être derrière un ordinateur à suivre les animaux, on a envie d'être avec eux, on les connaît, on les suit tous les jours ! », avait aussi rappelé un membre du collectif Ardèche.
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