J’avais trois ans. J’accompagnais le grand-père Baptiste qui distribuait le
foin dans la bergerie des Astiers. Une brebis noire n’était pas sortie avec
les autres dans la cour fermée. Elle ne voulait pas laisser seul l’agneau
qu’elle avait mis bas dans la nuit. Me prenant pour un intrus, d’un coup de
tête, elle me jeta dans la paneire.
Et voilà, j’étais tombé dedans… le coup de tête avait fait naître ma passion
pour les brebis noires.
Le grand père ayant pris de l’âge, les brebis furent vendues, remplacés
par quelques vaches laitières, l’année même de l’arrivée de la traite
mécanique et de la collecte organisée du lait.
Je centrais cependant ma formation professionnelle sur le mouton lors de
mes stages sur l’exploitation de Gilbert et Monique, à Flaghac. J’y
apprenais les méthodes modernes d’élevage. 650 brebis noires
produisaient des agneaux de boucherie, agnelant trois fois en deux ans.
Sortant de mon BTS sans un sou en poche, mon oncle René de
Combolivier me vendit sept agnelles et un rigord « pour me lancer »,
disait-il. Brisant ce bonheur naissant, le grand père Baptiste s’en alla, âgé
de quatre-vingt-huit ans.
L’année suivante, bénéficiant d’une aide à l’installation, j’achetais des
agnelles noires du Velay issues de divers élevages sélectionneurs.
En trois ans le troupeau comptais 300 mères Noires du Velay inscrites.
C’était l’époque où les réunions de l’UPRA se tenaient chez Roger et
Yvonne, au Cabaret. La vente des béliers du centre d’élevage clôturait la
journée. Je faisais mes armes sous l’œil de Maurice et Jean-Claude qui me
confièrent la présidence de l’UPRA en 1994.
Avec mon copain Didier, animateur de l’UPRA, nous entreprenions de
diffuser la Brebis Noire du Velay le plus largement possible. Certaines
années il se vendait 1500 agnelles Noires du Velay de grande qualité.
En 2008 je transmettais la présidence à Olivier, mais conservais la force
de mon attachement à la Neira du Velay emblématique de notre territoire.
Une rencontre entre amoureux de la Brebis Noire du Velay, et tout un
environnement amical, apportent un éclairage différent à ma vocation.
L’installation de notre fils Pierre sur l’exploitation me permet de me
consacrer davantage à la transformation et à la vente directe. Faire naître,
élever, transformer, transmettre la qualité nature de notre travail. Paysan
acteur de la valorisation de notre Velay.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire