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jeudi 30 octobre 2014

Le berger Jean Solda (1918-2014) - Hommage

Le berger Jean Solda (1918-2014) - Hommage

Le berger Jean Solda (1918-2014) - Hommage

Le berger Jean SOLDA nous a quitté le 14 octobre dernier. Né en 1918 à Aubagne, originaire de la vallée de la Stura en Piémont (son grand-père, Maurizio, est né en 1854 à Pianche di Vinadio), il fut un des grands Hommes de l'élevage ovin transhumant en Provence. Issu d'une lignée de bergers, Jean Solda fut toute sa vie un ardent défenseur de l'économie et de la culture pastorale provençale-alpine dont il était une des mémoires les plus vives. Il forma aussi de nombreux jeunes à son métier auquel il vouait une indéfectible passion qu'il transmit bien au-delà de son cercle professionnel. 

Jean Solda copie

En 1994, André Pitte et Jean-Claude Duclos avaient publié un beau et long témoignage de Jean Solda dans le livre "L'homme et le mouton" (éditions Glénat). Un documentaire, "Jean Solda, berger", avait été tourné chez lui, dans le Luberon, et dans la plaine de Crau en 2000 (visionnez le film ici).

G. Lebaudy


Jean écrivait des poèmes qui ne parlaient pas que des bergers et de l'alpage ; curieux de tout et des autres, il aimait aussi la solitude dans laquelle il réfléchissait et écrivait. Il occupa des responsabilités syndicales qui lui faisaient prendre l'avion à Marseille, l'après-midi, pour se rendre au Ministère de l'agriculture à Paris, après avoir gardé son troupeau dans les collines du Luberon, le matin, tout en pensant à la façon dont il allait défendre les intérêts de sa profession devant le ministre. Jean était un militant des cultures pastorales et de la liberté du berger. C'était aussi un honnête musicien (harmonica, chant) qui, à l'occasion, pouvait se transformer en homme-orchestre pourvu qu'il ait une chaise à assise en bois et des petites cuillères en guise de caisse claire, et une porte en bois en guise de grosse caisse ; il ne lui restait plus qu'à chanter et à souffler dans son harmonica. Je l'ai vu ainsi faire en 2000 un petit concert à Pontebernardo, à l'auberge "da Milia" ; le ténor qui avait chanté juste avant lui n'a pas été aussi chaleureusement applaudi. D'ailleurs, ce monsieur était parti vexé en claquant la porte ! Jean avait une sacrée présence ; il transmettait sa passion avec vigueur et justesse. C'était un homme droit et un berger et, même, un sacré berger ; un jour que je lui dis "bonjour Monsieur Solda", il me répondit : "écoute, Guillaume, ne me dit pas monsieur, n'attente pas à ma dignité de berger, appelle-moi plutôt berger ! ". 
Ce bonhomme-là vivait et vibrait d'une manière pas ordinaire. Sa vibration et son goût de la vie étaient communicatifs.
G. Lebaudy

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