Au Nid de Brebis

Le Nid de Brebis


vendredi 14 septembre 2018

L’extraordinaire arnaque de la protection du loup

L’Union internationale de conservation de la nature (UICN) et le lobby européen en faveur des grands carnivores (LCIE) veulent étendre la protection du loup aux hybrides, autrement dit aux loups chiens et chiens loups.  Comment y parvenir ? Tout simplement en modifiant  la Convention de Berne portant sur la protection des espèces sauvages.

L’Union internationale de conservation de la nature (UICN)et le lobby européen en faveur des grands carnivores (LCIE)veulent étendre la protection du loup aux hybrides, autrement dit aux loups chiens et chiens loups.  Comment y parvenir ? Tout simplement en modifiant  la Convention de Berne portant sur la protection des espèces sauvages. Un projet de modification écrit sous leur dictée sera en effet présenté au Comité permanent de la Convention de Berne, qui doit se réunir du 2 au 5 décembre prochain à Strasbourg.

loup italienloup italien
L’affaire serait passée inaperçue sans la vigilance du réseau des éleveurs. Alors que le  loup fait de plus en plus de dégâts sur les animaux domestiques, que les éleveurs pratiquant l’élevage à l’herbe sont au bord du gouffre, que des voix s’élèvent pour dire que le loup n’est plus en danger, le Comité permanent de la Convention de Berne veut étendre la rigoureuse protection du loup aux spécimens issus de croisements avec les chiens. Le « Projet de recommandation sur les croisements entre les loups sauvages (canis lupus) et les chiens domestiques (canis lupus familiaris) » (1) est issu directement d’un rapport d’expertise  commandé par Eladio Fernandez-Galiano qui dirige le Secrétariat du Comité permanent. Il a été rédigé par Arie Trouwborst, un universitaire d’Utrecht (Pays-Bas) qui est en même temps membre de l’UICN et du LCIE (2). Publié en anglais par le Conseil de l’Europe, il n’est toujours pas traduit en français. Ce rapport d’une vingtaine de pages se termine par le projet de recommandation. Repris tel quel, il pourrait être entériné lors de la prochaine séance plénière du Comité permanent après avoir été soumis au vote  des États présents.  Le conflit d’intérêt est patent, la stratégie bien rodée. L’UICN et le lobby LCIE font adopter leur politique conservationniste en dictant  leurs textes aux institutions mondiales ou européennes. Les États  n’ont plus qu’à  obtempérer, les populations n’ont même pas été informées, la démocratie est totalement bafouée.
Le loup italien n’est qu’un bâtard, le loup français également...
Pourquoi une telle précipitation ? Parce que l’imposture commence à être dévoilée : les loups qui recolonisent l’Europe ne sont pas sauvages, mais de vulgaires hybrides. Non pas issus du croisement entre espèces naturelles (comme le coyote et le loup donnant le loup rouge aux Etats-Unis), mais du croisement entre une espèce sauvage et une espèce domestique.  Ces hybrides sont donc pollués génétiquement, comme l’est le « cochonglier »  issu d’un porc domestique et d’un sanglier. L’affaire a été dévoilée devant les tribunaux, lorsque les chasseurs, éleveurs se sont défendus d’avoir tué non pas un ou plusieurs loups, mais des chiens. En Finlande, une quinzaine de chasseurs sont passibles à de lourdes peines pour avoir tué trois loups. Le procureur a fait appel fournissant au tribunal des analyses génétiques poussées, dont le résultat  montre qu’il s’agit bel et bien d’hybrides et non de l’espèce sauvage protégée. Or, des signaux d’alerte avaient été lancés depuis longtemps.
Laurent Garde, du CERPAM (Centre d’études et de réalisations pastorales Alpes Méditerranée) (3), avait mis en garde le ministère de l’Environnement dès 1996. Son rapport « Loup et pastoralisme » mentionne les craintes de Luigi Boitani (biologiste, spécialiste du loup, membre de l’UICN et LCIE)  face à la fréquence de l’hybridation en Italie qu’il considérait déjà comme une menace majeure sur l’avenir du loup. « Dans la moitié Sud de l’Italie, dans les années 1940 à 1970, le loup en voie d’extinction côtoyait une population considérable de chiens errants : 100 loups pour un million de chiens » rappelle Laurent Garde, en citant les chiffres fournis en 2014 par les scientifiques Italiens Luigi Boitani et Paolo Ciucci. Il évoque les travaux de Michel Meuret et Jean-Paul Chabert (deux chercheurs de l’INRA), qui avaient préconisé un contrôle génétique des hybrides et leur élimination. En vain. « Le sujet n’a jamais été abordé en France pendant les seize années qui suivent. Sur le terrain, les éleveurs ont des doutes croissants, notamment en constatant des comportements familiers anormaux et des phénotypes atypiques » poursuit Laurent Garde. Ainsi les politiques emboitent le pas de l’écologie conservationniste, la parole des éleveurs n’a aucune valeur.

Transformer les territoires en parc animalier

Aujourd’hui, le taux d’hybridation atteint  34 à 42% de la population de canidés sauvages dans la région de Grosseto (Toscane), d’après une étude génétique publiée en italien le 5 décembre 2013 par Luigi Boitani et Chiara Braschi (4).  Lors de la conférence d’ Ibriwolf  qui s’est tenue à Grosseto du 2 au 4 novembre 2014 devant un parterre international, ce taux a été ramené à 5 – 10% par le directeur Ettore Randi, du même département universitaire que Luigi Boitani et Chiara Braschi.  L’évaluation transmise en anglais dans le Power Point d’Ettore Randi porte sur toute l’Italie, l’étude précédente n’a pas été transmise lors de cette réunion. Tout porte à croire que les experts membres de l’UICN et du lobby LCIE tiennent à minimiser le risque même si Luigi  Boitani se demandait comment gérer les hybrides lors de cette réunion. Faut-il les tuer, les mettre en captivité, comment prendre en compte le bien-être animal ?
Autant d’interrogations portées à voix haute qui ont eu le don de faire réagir la Ligue nationale pour la défense du chien(Italie). Dans une lettre ouverte du 14 novembre, la LNDC a demandé des comptes aux autorités régionales sur l’intérêt duprojet Ibriwolf, un programme LIFE européen qui draine plus de 2 millions € de subventions.  Une manne non négligeable pour des laboratoires de recherche en panne de crédits… Le problème de l’Italie se pose également en France où le loup a été éradiqué avant guerre. Les adorateurs de la vie sauvage ont applaudi l’arrivée du loup italien via les Alpes, sans se soucier des conséquences désastreuses sur la vie rurale, les élevages en plein air, les paysages. Ils ont fétichisé l’animal au point de criminaliser ceux qui lui porteraient atteinte, et couvert d’une chape de plomb la réalité. L’essentiel est de transformer les territoires en parc animalier.  Peu importe que les hybrides fassent des dégâts considérables dans les troupeaux, ils seront protégés comme le loup si le projet de modification de la Convention de Berne est voté. Les hommes seront de plus en plus contrôlés pour qu’ils surveillent ou stérilisent leurs chiens et surtout qu’ils ne tirent pas sur les hybrides. Big Brother étend son pouvoir sur les campagnes.
 La finance entre dans la danse

Car l’idéologie de la vie sauvage (ou ensauvagement des territoires) génère plusieurs industries.  L’industrie du chien par exemple : pour garder les troupeaux, quelques aventuriers auto-proclamés éleveurs de chiens raflent déjà des subventions pour vendre des animaux… qui se transmettaient gratuitement d’éleveur à éleveur jusqu’à présent. Cette convivialité hors marché pourrait bien ne pas résister si des normes sont imposées sur les chiens de troupeaux par les mêmes écologistes conservationnistes. L’industrie de l’éco-tourisme, bien que la France et l’Europe ne rivalisent pas avec les grands espaces des autres continents. D’ailleurs « Pan Parks » ne répond plus, la société qui devait rentabiliser le territoire (en particulier le Mercantour) par le « tourisme sauvage » a été mise en liquidation judiciaire. Reste les marchés financiers de la biodiversité. Les forêts entrent déjà dans le marché carbone, sous forme de crédits de compensation attribués aux entreprises qui se dédouanent ainsi de leur pollution. Actuellement les propriétaires forestiers cherchent à comprendre le fonctionnement du système qui passe surtout dans les mains des banquiers.
Il est certain que la pression du loup sur les éleveurs favorise à terme l’avancée des friches, qui entreront probablement dans le marché carbone… Dans ce système de compensation, l’État sert de régulateur et distribue les crédits (ou permis) au profit  des entreprises et des propriétaires fonciers. Il fonctionne depuis quelques décennies aux Etats-Unis pour la protection des zones humides où le marché mobilise un millier de banques de compensation (mitigation banks) et génère 1 milliard $ de chiffre d’affaires par an. L’intérêt des grands carnivores (le loup, demain le chacal doré, le glouton, et pourquoi pas le léopard  d’Arménie) est de « faire le ménage »  sur le territoire. Supprimer l’élevage extensif sur les biens communaux (ou les terres publiques aux Etats-Unis) permet de les privatiser et de faire fructifier le business financier. Lors d’un colloque organisé par Sciences Po et l’IDDRI, une représentante de la FNSEA s’est dite intéressée par ce type de marché. « Les agriculteurs pourront valoriser leur bien » a-t-elle déclarée lors de la discussion. Les intervenants l’en ont dissuadée. « La compensation financière exige des contraintes très lourdes de préservation, pendant 30, 60, 90 ans.  C’est un peu un bail emphytéotique  pendant lequel vous n’avez plus aucun droit ». Les contraintes environnementales anéantissent le droit de propriété. Il n’empêche qu’en 2011, le marché mondial de la compensation se montait à 2 milliards $. 

Wall StreetWall Street

L’UICN dans le coup

En vantant ses mérites, l’UICN estimait qu’il atteindrait 300 milliards $ d’ici 2020, grâce au programme concocté par ses soins, « pas de perte de biodiversité » ou « No Net Loss » et repris en chœur par l’Europe, la Banque mondiale et l’ONU. Dans un récent rapport, le Crédit Suisse, WWF et McKinsey font la même estimation (5). Toutefois, le marché des espèces en péril en est à ses balbutiements. Plus difficile à appréhender (nombre d’espèces, migrations…), il  n’est traité que dans une centaine de banques aux Etats-Unis et génère un chiffre d’affaires d’un peu plus de 300 millions $ par an. Mais il ouvre des possibilités et d’énormes appétits, sous prétexte que les États, surendettés ne peuvent plus financer la protection de la nature. Ce marché financier est en train de s’organiser en appliquant le système de compensation. En 2011, Bloomberg a élargi au monde entier son site en ligne SpeciesBanking.com destiné aux investisseurs et aux particuliers qui cherchent à faire des placements dans la biodiversité. Du 21 au 22 janvier 2014, une cinquantaine d’investisseurs, de BINGO, de chercheurs, se sont réunis dans les locaux de la Federal Reserve Bank of San Francisco pour trouver de nouveaux produits financiers liés à la protection des espèces (5). Goldman Sachs, JP Morgan et le Crédit Suisse étaient présents. Le 13 février, Goldman Sachs organisait une réunion au sommet sur la finance environnementale dans ses locaux de New York.
Wall Street s’impatiente, la City de Londres également. Si les poids lourds de la finance s’intéressent aux espèces, c’est que les profits peuvent exploser grâce aux produits dérivés. Spéculant sur le risque, ils permettent de titriser (coter en bourse) l’espèce en danger. Dans son ouvrage « La nature est un champ de bataille », Razmig Keucheyan dévoile le projet de trois environnementalistes théoriciens de l’assurance (P.132) qui « suggèrent de mettre en place des species swaps, une forme de dérivé portant sur le risque de la disparition d’espèces ». En rendant la protection des espèces profitable aux entreprises, ces dernières prendraient soin de celles qui se trouvent sur leur territoire. L’État jouerait le rôle d’intermédiaire en versant des crédits à l’entreprise qui a su faire proliférer l’espèce. Dans le cas contraire, c’est l’entreprise qui verserait des crédits à l’État, qui se tournerait alors vers une BINGO (grande ONG) pour préserver l’espèce.  L’un des initiateurs du profit par le risque, Josh Donlan, a depuis spéculé sur le retour d’espèces disparues par des manipulations génétiques (le mammouth…).  Le champ s’élargit. On comprend dès lors que les hybrides ne sauraient rester à l’écart du marché. Jusqu’au krach final planétaire…




dimanche 2 septembre 2018

Abri de berger héliportable

Des étudiants architectes ont conçu cet abri de berger héliportable




EN IMAGES - Il a suffi de 1h30 pour qu’un hélicoptère dépose à 2500 mètres d’altitude les cinq modules de cet abri destiné à un berger. Reste maintenant à tester cet habitat innovant en conditions réelles avant son éventuelle reproduction.
Montage en images

Ce Tatou-là va devoir s’acclimater aux grands froids! S’inspirant d’un petit animal tropical, Tatou est le nom donné par les étudiants de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon (ENSAL), à l’abri de berger de nouvelle génération qu’ils ont conçu avec l’aide du Parc national de la Vanoise. Comme son modèle à quatre pattes, cet habitat est constitué de modules emboîtés recouverts d’une carapace-écorce particulièrement résistante et se fondant au mieux dans le paysage.

Depuis quelques semaines, cette étrange habitation trône à plus de 2500 mètres d’altitude sur l’alpage du Pelvoz, dans le massif de la Vanoise (Savoie). Il a fallu seulement 1h30 d’héliportage pour acheminer les 5 modules dans la montagne. Une expérimentation menée dans le cadre d’un projet de recherche en architecture a débuté en septembre 2017, lorsque le Parc national de la Vanoise a sollicité l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon (ENSAL) et son laboratoire LAURE pour concevoir un nouveau modèle de cabane pastorale.

Entre abri d’urgence et chalet pérenne

Avec le retour du loup en montagne, il faut mettre en place un gardiennage efficace des troupeaux, mais celui-ci est souvent limité par le manque de logements de berger en alpage. Il existe certes quelques modèles d’abri au confort sommaire mais ils tiennent plutôt de la solution d’urgence. Plus élaboré, ce Tatou se veut une alternative à la création d’un chalet d’alpage pérenne, qui n’est pas toujours possible ni même souhaitable. Il présente notamment l’intérêt d’être sans impact sur l’environnement (après démontage) et entièrement autonome en énergie tout en permettant de collecter les eaux de pluies.
Élaboré au sein de l’atelier du Master ATEC Architecture Vertueuse, le projet a été conçu en équipe par huit étudiants puis développé jusqu’à sa construction par cinq d’entre eux. Ils ont suivi l’opération jusqu’au montage avec l’aide technique et financière de nombreux partenaires professionnels. Reste désormais à évaluer (jusqu’en 2020) les conditions réelles de vie dans cet abri qui doit permettre de loger des bergers au plus près des troupeaux, dans des conditions de vie satisfaisantes, tout en restant facile à installer et sans impact sur les lieux après démontage. À terme, l’objectif serait de diffuser aux collectivités des licences d’utilisation des plans d’exécution pour pouvoir reproduire le modèle.

jeudi 30 août 2018

Liste des formations aux métiers de berger et d’aide berger en France

Berger Vacher d’Alpage (CFPPA de Die, de la Côte St André et de la Motte Servolex)

Objectifs

Former des personnes à la conduite et à la gestion d’un troupeau (bovins et ovins) en alpage

Formation

Durée totale de la formation : 810 heures (600 heures en Centre et 6 semaines en alpage) Formation proposée par les services pastoraux de la région Rhône-Alpes en partenariat avec les CFPPA de Die (26), de la Côte St André (38) et de la Motte Servolex (73).

Contenu

  • Conduire et alimenter le troupeau en alpage.
  • Surveiller et soigner les animaux
  • Utiliser et entretenir les équipements (machine à traire, quad, équipements solaires, …) de alpage
  • Gérer sa vie en alpage
  • S’insérer dans l’économie locale


BPA Berger transhumant (École du merle)
Cette formation qualifiante et diplômante est organisée sous forme de séquences de formation théorique et pratique au Centre de Formation du Merle, de chantiers écoles, de stages chez des éleveurs.

Formation (12 mois)

De septembre à septembre, une série de trois stages de 760 heures dont l’objectif est de placer le stagiaire dans des situations réelles de travail, et une période en centre de 1000 heures.

Contenu

  • Communication dans la vie professionnelle et sociale.
  • Environnement socio-économique de l’entreprise.
  • Mise en œuvre de pratiques professionnelles permettant le développement durable.
  • Aspects théoriques et scientifiques relatifs au vivant et au comportement animal (zootechnie, agronomie, éthologie).
  • Aspects théoriques et scientifiques relatifs aux agro équipements et installations des exploitations (bâtiments, machines agricoles).
  • Assurer l’alimentation du troupeau et la gestion des surfaces fourragères.
  • Assurer la reproduction et les soins au troupeau.
  • Assurer l’entretien et les réparations courantes des matériels, bâtiments et installations de l’exploitation.
  • Utilisation des chiens de troupeau (conduite et protection).
  • Gestion des troupeaux en milieu pastoraux, parcours, montagne, sylvo-pastoralisme.

Berger-vacher transhumant (CFPPA des Hautes-Pyrénées)

Objectifs

  • Surveiller et conduire un troupeau en montagne,
  • Adapter cette conduite aux particularités d’une estive,
  • Construire un projet de vie pluriactif

Formation (par alternance)

La formation débute mars. Le projet professionnel du stagiaire est accompagné durant 2 ans.
La 1ère année s’effectue en tant que stagiaire de la formation professionnelle (financement Conseil Régional), puis la 2ème année sous contrat de travail en collaboration avec un groupement d’employeurs.

Contenu

Regroupements (1/3 du temps)
  • Soins aux animaux
  • Conduite et comportement du troupeau
  • Connaissance de l’estive
  • Adaptation à la vie en estive
  • Production de fromage en montagne
  • Connaissance du milieu socio-professionnel et du pastoralisme
  • Construction d’un parcours pluriactif en montagne
Formation pratique (2/3 du temps)
  • Estives + exploitations agricoles + activité d’hiver

BPA aide berger - aide vacher (CFPPA Ariège-Comminges)

Objectifs

  • Obtenir le statut d’Aide Berger Vacher pour travailler en tant que salarié dans le secteur agricole.
  • Acquérir les compétences de conduite d’un troupeau, de gardiennage en estive, les connaissances du milieu montagnard et du pastoralisme.
  • Obtenir le diplôme national de BPA Travaux des Productions Agricoles

Formation

1360 heures de formation comprenant :
Une pré-qualification : de janvier à mars, obligatoire pour intégrer la formation
  • 7 jours en centre de formation
  • 6 semaines de milieu professionnel
La formation d’Aide berger-Vacher : de mars à octobre :
  • 415 heures d’enseignement général et spécifique en centre de formation
  • 385 heures en milieu professionnel chez un éleveur transhumant
  • 560 heures de stage en estive de début juin à fin septembre

Contenu

  • information et communication
  • domaine civique, social et économique
  • pratiques professionnelles respectueuses de l’environnement et de la santé humaine
  • les bases techniques en productions animales
  • équipements, matériels, et installations
  • réalisation pratique sur les animaux
  • réalisation pratiques sur les productions végétales destinées aux animaux
  • réparations et entretien du matériel
  • agropastoralisme : ce qu’il faut savoir avant de monter en estive
  • gardiennage en estive : la réalisation d’une période d’estive complète sous les directives d’un berger vacher


Formation au métier d’aide-berger (GEIQ Pastoralisme, APPAM 06 en partenariat avec l’école du Merle)
Le GEIQ Pastoralisme embauche chaque année des aides berger en contrat de professionnalisation pour une durée d’un an. Ces aides berger  sont amenés à travailler sur plusieurs exploitations et à suivre une formation.
Le nombre de poste d’aides berger à pourvoir dépend des besoins formulés chaque année par les éleveurs adhérents au GEIQ Pastoralisme.
Les sessions de recrutement ont lieu au cours du mois de février.
FonctionAide berger
Lieu de travaildans 2 ou 3 exploitations différentes sur l’année
Durée1 an
 Période d’essai1 mois
 Horaires40 heures/semaine, réparties sur 6 jours
 Repos compensateurs6 jours de RTT/an
 Congés payés5 semaines/an
 Rémunération– 80% du SMIC pour les moins de 26 ans
 – 100% du SMIC pour les plus de 26 ans
 Avantages en nature– 1 repas par jour pris en charge
 – logement sur place possible
 Formation– 4 semaines au printemps, 3 semaines à l’automne
 – au CFFPPA du Merle à Salon de Provence (13), à la Maison du berger à Champoléon (05), et à Valberg (06) (280h)
 – par les éleveurs sur les exploitations et par l’animateur du GEIQ Pastoralisme (175h)
 Conditions d’embauche– ou être âgé de 16 à 25 ans révolus
 – ou être demandeur d’emploi âgé de 26 ans et plus
 – ou être bénéficiaire du RSA, de l’ASS (Allocation de Solidarité Spécifique) ou de l’AAH (Allocation Adultes Handicapés) ou personne ayant bénéficié d’un contrat conclu dans le cadre du contrat unique

Liste non exhaustive....

Voir aussi le CFPPA du Domaine de Reinach...

Berger-vacher d’alpage

Photos-site-Internet-Reinach-Berger-2FORMATION BERGER VACHER D’ALPAGE

Prochaines informations collectives présentant la formation :
15/03/2018 et  03/04/2018

Pensez à vous inscrire !

Public

  • Demandeurs d’emploi, congés de formation…
  • Posséder un niveau équivalent au CAPa ou 3ème
  • Expérience professionnelle de 2 semaines minimum en exploitation agricole (à réaliser avant l’entrée en formation)
  • Mobilité et disponibilité
  • Entretien préalable et test de positionnement Aptitudes physiques
  • Permis B souhaité

Objectifs

Former des personnes à la conduite et à la gestion d’un troupeau (bovins et ovins) en alpage

Formation

Durée totale de la formation : 810 heures (600 heures en Centre et 6 semaines en alpage) Formation en partenariat avec le CFPPA de La Côte St André (38) et de Die (26) et les services pastoraux des 3 départements

Contenu

  • Conduire et alimenter le troupeau en alpage.
  • Surveiller et soigner les animaux
  • Utiliser et entretenir les équipements (machine à traire, quad, équipements solaires, …) de alpage
  • Gérer sa vie en alpage
  • S’insérer dans l’économie locale

Validation

  • Validation en fin de parcours : Titre homologué (formation certifiante de niveau 5) inscrite au répertoire National des Certifications Professionnelles.
  • Pour les bergers ayant 3 ans de pratique professionnelle en alpage : Possibilité de valider ses acquis par une VAE et obtenir le titre de « berger vacher d’alpage »

Coût et finacement

Rémunération et financement selon le statut des stagiaires.

Pratique

Possibilité d’hébergement et de restauration sur le Domaine

NOUS CONTACTER POUR LA FORMATION BERGER-VACHER D’ALPAGE

Responsable de Formation :
Françoise COUTURIER
Inscription/Administration :
Géraldine MARTINS
Tel :  04 79 25 42 02



Manuel des bergers d’alpage – 2017

Un outil pratique à destination des bergers d’alpage

Le Manuel des bergers d’alpage s’adresse aux bergères et bergers débutants, mais aussi à tous ceux qui sont intéressés par ce métier.
Cet ouvrage a été conçu pour être utile aux débutants mais aussi aux bergers plus expérimentés qui y trouveront des informations actualisées, des conseils pratiques, des outils d’aide à la gestion de leur estive et un partage d’expériences avec leurs collègues.
Difficile de faire un manuel alors que le métier de berger est complexe et s’exerce dans des situations très différentes. Par delà les fondamentaux, l’exercice du métier de berger dans un espace naturel protégé, à 2000 mètres d’altitude, accessible après deux heures de marche, dans les Alpes-de-Haute-Provence, n’est pas le même que celui d’un de ses collègues exerçant dans une station de ski en Haute-Savoie. Dans un cas il vit une forme d’isolement et il ne peut compter que sur lui-même ; dans l’autre il subit la surfréquentation de son alpage et doit composer avec les autres usagers. Tout dépend aussi de la taille du troupeau, de l’attitude de l’éleveur, « le patron », de la présence ou non des loups, etc. Il n’y a pas de recettes, le métier s’acquiert par le terrain. Il y a tellement de paramètres subjectifs qui interviennent dans la garde du troupeau : le temps qu’il fait, l’humeur du berger, la fatigue des chiens… Le Manuel des bergers d’alpage n’est pas là pour supplanter la formation ou l’expérience. Ce n’est ni une encyclopédie, ni une bible. C’est un pense-bête à emporter avec soi sur l’alpage.
Au-delà des bergers, le livre s’adresse à leurs employeurs qui trouveront dans le manuel les informations, conseils, adresses, expériences qui, nous l’espérons, éviteront à leurs bergers des erreurs, des démissions en cours de saison et des accidents.

Quelques évolutions notables avec le Petit manuel du berger d’alpage (1èreédition)

  • De nouveaux thèmes : soins des brebis, conduite du troupeau, chiens de conduite et de protection, contexte du pastoralisme…
  • Ajout d’un index alphabétique ;
  • Un format plus large, pratique et maniable ;
  • Une mise en page plus agréable et plus lisible ;
  • Des photos et des dessins plus nombreux et plus lisibles ;
  • Un sommaire simplifié et un sommaire détaillé à chaque tête de chapitre ;
  • De la couleur ;
  • Des onglets qui se repèrent facilement sur la tranche ;
  • Un « chapeau » en introduction de chaque chapitre.

  • http://aspir.eu/les-manuels/manuel-des-bergers/decouvrir-le-manuel/

Cléopâtre : une équipe de soutien pour les berger.e.s en difficulté

Cléopâtre est un projet porté par l’association Aspir. C’est l’abréviation de donner les « clés aux pâtres ». Il s’agit bien de permettre aux bergers de (re)prendre barre sur leur vie et pas de les prendre en charge lorsqu’ils rencontrent des difficultés sur leur estive. L’idée est de  mettre en place entre juin et octobre une ligne téléphonique permanente, proposant une écoute de qualité voire une visite en alpage si besoin.
Le projet s’est beaucoup inspiré des pratiques de Solidarité paysans. Un grand merci aux bénévoles qui ont pris le temps de nous recevoir et de nous transmettre les documents internes très riches sur lesquels nous nous sommes appuyés pour imaginer nos modalités d’intervention.

Type d’intervention que propose Cléopâtre

  • Elle consiste à se joindre au demandeur pour l’aider à passer un cap difficile et chercher avec lui les solutions à ses difficultés.
  • Elle se fait par téléphone.
  • Elle est ponctuelle. Il ne s’agit ni d’un remplacement du berger ni d’une prise en charge. Cléopâtre oriente au besoin le demandeur vers les organismes et les personnes à même d’accompagner le demandeur dans la durée pour répondre à des besoins nécessitant un accompagnement.
  • Elle cherche à renforcer l’autonomie du demandeur, pas à le prendre en charge. C’est lui seul qui est à même de prendre en main son devenir. Il est libre de ses décisions et maître de ses choix. Il a aussi le droit à l’erreur et peut-être en désaccord avec l’intervenant sans pour autant cesser d’être accompagné.
  • Elle soutient la personne en se positionnant à ses côtés, et en l’aidant le cas échéant à faire valoir ses droits.
  • Elle cherche à rompre l’isolement, à créer ou renouer des liens, à valoriser la personne en faisant apparaître ses ressources, à l’aider à  mobiliser son environnement, à défendre ses intérêts et ses droits.

Accueil sans exclusive

Cléopâtre accueille sans aucune exclusive tous les bergers d’alpage, quel que soit leur statut professionnel (salarié, berger-éleveur, aide-berger…), exerçant dans les Alpes françaises. Cléopâtre s’adresse aussi, le cas échéant, aux éleveurs et employeurs de bergers confrontés à des difficultés avec leur berger ou  face à  un salarié en difficulté pour diverses raisons, et ayant besoin de dialoguer avec une tierce personne connaissant le contexte de la relation employeur salarié en pastoralisme.
Si la demande ne correspond pas aux compétences de l’équipe, Cléopâtre s’efforcera d’orienter son interlocuteur vers d’autres intervenants compétents.

Demande explicite

Cléopâtre répond aux personnes qui en font la demande. Cléopâtre n’intervient pas, sauf exception, de sa propre initiative. Le fait d’appeler Cléopâtre est un premier pas qui témoigne que la personne a conscience d’une difficulté, qu’elle souhaite un soutien pour tenter d’y remédier et qu’elle estime que Cléopâtre est en mesure de lui offrir un soutien adapté.

Confidentialité

Les bénévoles de l’équipe Cléopâtre sont tenus à la confidentialité et s’obligent à la discrétion en ce qui concerne les interventions qu’ils réalisent. La confidentialité incluse le respect de l’histoire de vie, de la parole et des choix du demandeur.
Lorsque l’intervention nécessite des démarches auprès de tiers, les bénévoles sollicitent l’accord préalable du demandeur et l’informent des contacts pris. Ils exigent le respect de la confidentialité de la part des tiers.

Diagnostic

Poser un diagnostic consiste à repérer et analyser la situation du demandeur en vue d’une recherche partagée de solutions.
Le diagnostic concerne différents champs de compétence complémentaires : économique, sanitaire, juridique, technique…
Il doit être empreint d’objectivité. Il ne s’agit pas d’un jugement sur la personne ou sa situation.  Le diagnostic n’est ni infaillible, ni irréversible. L’intervenant ne se pose pas en expert qui détient la solution pour l’autre. Il se contente d’éclairer la situation.
Le diagnostic permet de déceler les points faibles et les points forts et de révéler les points de vigilance. Il met en exergue les besoins, les fragilités mais aussi les compétences, les atouts, les qualités du berger, sur lesquels on peut s’appuyer. Le diagnostic est un moyen d’évaluation de la situation.
Le diagnostic permet aussi de déceler les urgences et de prioriser les actions à mettre en place.
Le diagnostic n’est pas formalisé et se réalise au fil des échanges avec le berger. Ce n’est pas une finalité mais un moyen.

Durée

L’équipe Cléopâtre intervient de manière ponctuelle. Elle n’a pas les moyens d’assurer un accompagnement dans la durée. Elle oriente le cas échéant vers les organismes et les personnes susceptibles d’apporter au demandeur l’accompagnement dont il aura besoin.

Prise en compte globale

Le bénévole prend en compte les difficultés exprimées par le demandeur pour lesquelles celui-ci a fait appel à Cléopâtre. Mais il ne tient pas compte uniquement de ce problème. Bien souvent les difficultés sont imbriquées et il est difficile d’espérer une solution en s’attaquant à un seul problème isolé de son contexte.
La recherche de solutions demande que l’on considère à la fois l’ensemble des acteurs environnant le demandeur (famille, employeur, techniciens, collaborateur…), l’aspect financier, les aspects techniques, le berger lui-même en tant que personne (prise en compte de sa santé, de ses compétences, de ses besoins, de ses désirs, de ses limites…). Seule cette approche globale de la personne dans son environnement peut permettre d’apporter un appui utile au demandeur.

Supervision/analyse de pratiques

  • Aspir mettra progressivement en place des modalités d’analyse de la pratique. Cette analyse se fera en interne et avec l’accompagnement d’un « superviseur ».
  • Il s’agira d’une relecture collective des situations rencontrées et des pratiques et ressentis de chacun face à ces situations.
  • L’objectif de ces analyses sera notamment de prendre du recul et d’éviter la culpabilisation en ne gardant pas pour soi les manifestations de violence, d’agressivité, de désespoir sous toutes leurs formes.
  • Il s’agira aussi d’améliorer les compétences individuelles et collectives pour apporter la meilleure réponse possible aux demandeurs.
  • L’objectif ne sera pas de faire des bénévoles des psychologues, ni de juger ou contrôler leurs interventions.
  • Pour autant l’association Aspir se doit de trouver les moyens adéquats pour s’assurer de la qualité des interventions et de leur cohérence avec les valeurs et l’éthique qu’elle porte.
  • Les intervenants se doivent, dans la mesure de leurs moyens et au regard de leur expérience, de participer aux séances d’analyse de pratique, de préparation et de débriefing de l’estive organisés par Aspir à leur intention.

Berger, un métier ancestral et utile menacé par une grande précarité

Entre juin et septembre, ils sont un petit millier d’hommes et de femmes à garder d’immenses troupeaux de moutons dans les Alpes, les Pyrénées ou encore le Massif Central. Un métier de berger de plus en plus utile pour assurer la protection des troupeaux, alors que les syndicats agricoles pestent contre le loup ou l’ours. Seuls, en couple ou en famille, les bergers transhumants s’isolent du reste du monde, dans des conditions difficiles. Déjà menacé par l’agriculture industrielle, leur métier est désormais rongé par la précarité, quand ce n’est pas par le harcèlement moral ou sexuel. Mais quelques voix s’élèvent des alpages pour briser les tabous, et défendre des droits fragilisés.

« Nous ne connaissons même pas le nombre exact de bergers ovins en France », constate Guillaume Lebaudy, ethnologue spécialisé en pastoralisme 
Le recensement des bergers est en effet laborieux. La plupart des gardiens transhumants changent de département à chaque estive, et les effectifs ne sont pas centralisés. Ils sont également très mal protégés par les conventions collectives agricoles, difficiles à faire appliquer ou à modifier.
Dans les Alpes-de-Haute-Provence, par exemple, lors de la signature d’un avenant en 2015, « La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricole (FNSEA) a refusé le CDI renouvelable », déplore Thierry Oger, membre de la CFDT, alors que la FNSEA est la première à s’élever contre les plans visant à protéger les loups. « À la fin de l’estive, on négocie vite fait pour l’été suivant. Ça se fait verbalement, à la confiance », précise Aurélie Pugnière, bergère dans les Bouches-du-Rhône. Dans ce contexte, bergers et bergères ne peuvent pas emprunter, ni dresser de plans pour l’avenir.

Travaille et tais-toi

« En moyenne, on ne touche que 1700 euros nets par mois, pour 60, 70, voire 80 heures de travail par semaine. Le tout sans jour de repos. C’est un métier en constante promotion ! », ironise Thierry Oger. Berger depuis 33 ans, il ne trouve plus de travail depuis qu’il s’est syndiqué. Ses revendications dérangent, car cette situation a été intégrée comme étant la norme et ce, dès la formation : « On explique à ceux qui ne veulent faire que 35 heures que le monde agricole a ses propres règles », avertit Amandine Founau, référente de la formation « berger vacher » au Centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA), en Ariège. Aussi, la création du Syndicat des gardiens de troupeaux, il y a deux ans, a été très mal perçue. Peu de personnes y ont adhéré. Pour être sûrs de retrouver un emploi en alpage, les gardiens itinérants préfèrent négocier en douceur, et ne pas faire de vagues.
Dans ces conditions, il est très difficile pour eux de se protéger du harcèlement moral, pourtant courant dans la profession. « Si on se plaint, on nous traite d’incapables, de mauviettes, s’afflige Thierry Oger. Le berger n’est pourtant pas le maillon manquant de l’évolution entre le chien et l’éleveur ! », plaisante-t-il. 
Souvent, les salariés sont rabaissés, humiliés ou même insultés. « J’en ai souffert quand j’ai commencé à travailler et ça continue encore aujourd’hui, témoigne Antoine Le Gal, berger dans le Vaucluse. Beaucoup de personnes en sont victimes, mais elles n’osent pas en parler ou ne savent pas à qui s’adresser. »
Une impasse favorisée par un mutisme généralisé, et une absence quasi-totale d’information, notamment dans les centres de formation. « Il faut faire comprendre aux éleveurs et aux bergers que les règles sont les mêmes que celles qui s’appliquent aux autres, et qui sont inscrites dans le droit du travail », soutient Francine Philippe, présidente de l’Association des bergères et bergers de Provence et des Alpes du Sud.

Des cabanes pittoresques... et délabrées

Autre exemple de cette précarité : les cabanes qui les abritent durant l’estive sont souvent dans un état déplorable. Un point sur lequel tout le monde s’accorde. De la maisonnette au taudis, il y en a pour tous les goûts. Alors que certaines n’ont même pas de carrelage au sol, d’autres sont équipées de panneaux solaires et fournissent de l’eau chaude. « J’ai déjà été logée dans une cabane sans toilettes. C’est gênant quand on a ses règles », rapporte Aurélie Pugnière. « Une fois, j’ai dormi sous un toit prêt à s’écrouler, ajoute Marie Cabrol, bergère dans la Drôme. Il fallait aller chercher l’eau avec une lampe-torche, sous une plaque rouillée à la cave. » Des manquements dûs au manque de concertation entre les bergers, les éleveurs et les communes. « Il doit y avoir une dynamique collective. Si les cabanes sont insalubres, cela peut avoir des conséquences sur la santé et l’hygiène », alerte Roger Minard, membre du Centre d’études et de réalisation pastorale Alpes Méditerranée (Cerpam).
La récente féminisation du métier a cependant donné une impulsion à l’amélioration des conditions d’accueil en haute montagne. Depuis une quinzaine d’années, un nombre croissant de femmes suivent cette voie, pour vivre en accord avec leurs idéaux. Appréciées des éleveurs, pour leurs pratiques attentionnées lors des soins et de la garde des bêtes, elles réalisent désormais 30 % des estives.
« Ça leur permet d’attirer l’attention sur les choses qui ne vont pas, comme une vitre cassée, alors que les bergers n’osent pas le faire », estime Tara Bate, anthropologue du genre et du pastoralisme. Toutefois, bien que des efforts soient faits dans de nombreux départements, les subventions versées pour les aménagements pastoraux visent essentiellement à s’attaquer à la problématique du loup, et non celle du logement des bergers. Aussi, de nombreux logements restent encore inadaptés.

Le tabou du harcèlement sexuel

Et le harcèlement sexuel, lui non plus, ne s’arrête pas au pied des montagnes. « Ça peut être très subtil : une présence un peu insistante, ou une avance directe, note Tara Bate. Dans ces cas, qui appeler ? Que faire ? » Parfois dans le déni, les bergères victimes de harcèlement n’en parlent pas. Ici aussi, l’omerta règne. « Leur profession est en voie d’extinction, et les femmes ne veulent pas causer sa perte en dévoilant ces aspects peu reluisants, explique l’anthropologue. Tout le monde sait qui il faut éviter, mais personne ne dit rien, et ces hommes peuvent continuer à travailler avec des femmes. Ce n’est pas normal ». Tant et si bien que le pire a fini par arriver, en Savoie, où une bergère a été violée en 2015.
Ébranlées par ce crime, des voix ont fini par sortir du silence. « Mon maître de stage me gueulait tout le temps dessus et faisait des réflexions sur ma poitrine, se souvient Aurore Girardot, victime de harcèlement moral et sexuel lors de son apprentissage au centre de formation ariégeois en 2006. Quand je l’ai signalé à un responsable de la formation, il m’a répondu : "Il faut t’y faire, c‘est comme ça dans le monde des bergers". »

Afin d’entraîner une prise de conscience chez les victimes comme au sein des fédérations, l’Association des bergères et bergers de Provence et des Alpes du Sud a lancé un appel à témoignages et diffuse, dans son journal de liaison, un numéro à appeler en cas de harcèlement. « Ce n’est pas plus fréquent que dans d’autres métiers, mais il y a un vrai problème lié à l’isolement et il faut s’en prémunir », préconise Mariette Peinchaud, membre de l’association. Pour y parvenir, l’implication des centres de formation dans la levée des tabous et l’apprentissage du droit du travail est indispensable. De plus, la préservation des bergères et bergers transhumants, et leurs savoir-faire, est essentielle à la sauvegarde du pastoralisme, comme le rappelle Guillaume Lebaudy : « Quand les salariés sont mécontents, ils ne reviennent pas, et à cause de ce turnover, l’emploi pastoral est dégradé, l’alpage mal géré, l’animal délaissé. »
Elsa Hellemans