Mobilisation pour Valère et Emeline
À l’appel du collectif Faut Pas Pucer 07 et de la Confédération paysanne de l’Ardèche, des dizaines d’agriculteurs, de syndicalistes et de simples citoyens se sont rassemblés lundi 12 mai devant le siège de la direction départementale des territoires (DDT) à Privas pour soutenir Valère et Emeline Agnès, un couple d’éleveurs qui refuse de poser des puces électroniques sur ses 40 chèvres laitières. « Nous sommes très contents de voir autant de monde venir nous apporter leur soutien », ont affirmé d’emblée Emeline et Valère qui ont été mis en demeure de poser des boucles électroniques sur leurs chèvres avant le 12 mai suite à un contrôle effectué le 21 mars dernier au niveau de leur exploitation sise à Blaizac, dans la commune d’Ajoux, par des agents de l’Agence de services et de paiement (ASP), chargée du versement des aides de la Politique agricole commune (PAC) aux agriculteurs. À défaut, ils risquent de voir leur dossier transmis au procureur de la République et leurs primes PAC supprimées purement et simplement. D’ores et déjà, leurs chèvres sont interdites de mouvement. « Ces puces ne servent à rien sinon à polluer l’environnement, elles ne sont pas du tout adaptées aux petites exploitations comme la nôtre, nous ne sommes pas les seuls à refuser de les poser en Ardèche, mais nous sommes les premiers à être contrôlés », a signalé Emeline.
« Nos petites fermes d’Ardèche ne seront jamais des usines »
De son côté, Valère a indiqué qu’il existe déjà une « très grosse traçabilité des cheptels ». « L’électronisation n’apportera rien de plus », a-t-il enchaîné. Pour lui, il est hors de question de procéder à la pose de ces puces électroniques sur les chèvres. « On ne le fera pas, nos petites fermes d’Ardèche ne seront jamais des usines, nos animaux ne seront jamais des machines et nous ne serons jamais de simples exécutants », a-t-il déclaré. Abondant dans le même sens, Fanny Métrat, co-porte-parole de la Confédération Paysanne de l’Ardèche, a fait remarquer que le puçage électronique « est un premier pas vers l’industrialisation de l’agriculture, ce que nous rejetons catégoriquement ». Tout en s’élevant contre le contrôle dont a fait l’objet de couple d’éleveurs de la part de la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) « alors qu’il n’y avait aucun risque sanitaire », la syndicaliste a souligné qu’il y a « trop de normes, trop de contraintes ».
Kamel Imarazène
Le préfet ne saisira pas le procureur de la République
Le dossier de Valère et Emeline ne sera finalement pas transmis au procureur de la République. C’est ce qu’a annoncé le représentant du préfet à la délégation du collectif Faut Pas Pucer 07 et de la Confédération paysanne de l’Ardèche qu’il a reçue au siège de la DDT à l’issue du rassemblement. Aussi, l’interdiction de mouvement qui frappe leurs chèvres « va être levée », a révélé Valère. Sur un autre plan, les représentants du préfet, de la DDT et de la DDCSPP se sont engagés à faire remonter les doléances des éleveurs à qui de droit. En revanche, le couple d’éleveurs sera privé des primes PAC. « Ceci représente une perte de 6000 euros par an pour nous », a indiqué Valère qui s’est dit « satisfait de la journée, mais pas de la réunion ». « On avait en face de nous des administrateurs qui ne pouvaient pas prendre de décisions », a-t-il regretté. Il y a lieu de noter que des bagues de paturons électroniques ont été remises aux représentants de l’Etat pour leur signifier le refus des éleveurs de se conformer au dispositif de traçabilité des cheptels. Pour aider le couple d’éleveurs à faire face aux difficultés financières auxquelles il risque d’être confronté, la réflexion sera engagée pour mettre en place une « caisse de solidarité ». Par ailleurs, les députés du département seront saisis de l’affaire.
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