Avec plus de 40 candidats pour 17 places, la formation de berger-vacher transhumant, qui se tient tous les deux ans, connaît un succès important et attire de plus en plus de jeunes femmes.
C'est un signe de l'évolution de la société, y compris montagnarde. «Avant, les secrets de berger étaient transmis d'oncle à neveu car ces hommes n'avaient pas souvent d'enfant, raconte Barbara Vinerier. C'était d'ailleurs plus un état, auquel on était prédestiné dès le plus jeune âge, qu'une profession.» Mais les temps changent et depuis 1991, une formation berger-vacher transhumant prépare les aspirants aux estives. Un parcours diplômant dont le succès va grandissant avec plus d'une quarantaine de candidats cette année, pour seulement 17 places dans le cursus en alternance qui débutera en mars.
Parmi eux, Thomas masque péniblement sa nervosité devant Barbara, lors de cet entretien au CFPPA de Lannemezan. Lors de la dernière sélection, il y a deux ans, le jeune homme avait buté à la 19e place sur 18 heureux élus. Son projet, celui de créer une communauté avec un camping, une chambre d'hôtes, une ferme pédagogique et des activités, ce Bordelais d'origine de 23 ans l'a bien en tête. «Je veux montrer que la vie peut-être imaginée et vécue différemment, raconte cet anar. Être avec des brebis et des chèvres, c'est mon rêve.» Un dessein idyllique que Sarah esquisse à peine. Cette jeune infirmière garde les pieds sur terre, mais a eu le déclic lors d'un trek au Maroc. Depuis, elle a fait un stage dans une fromagerie à Sost. «L'éleveuse était contente de voir des jeunes arriver, goûte-t-elle. J'aime soigner. J'ai tenté avec les humains, mais il y a trop de normes, de contraintes. Je n'ai pas peur de la solitude car en tant qu'infirmière, je pensais trouver beaucoup de relationnel, mais finalement, on fait sa journée seule. Et comme j'ai besoin d'être dehors !» Son projet : les estives l'été et sa blouse blanche l'hiver. Enfin, il y a Yohan qui après huit années comme technicien dans un bureau d'études ne «souhaite plus être enfermé en ville et a parcouru les sentiers et vallées des Pyrénées».
«On a vraiment tous les profils, résume Barbara Vinerier, la responsable de cette formation qui s'étend sur plus de quinze mois et deux saisons en estive. Il y a des gens qui savent où ils mettent les pieds et d'autres qui planent un peu. Tant qu'ils ne se cognent pas à la pluie, à la pierre, au brouillard, à la solitude comme à la promiscuité parfois, aux exigences du métier de berger, ils en restent à l'image d'Épinal.» La preuve, sur les 18 élèves de la dernière session, seuls dix ont obtenu leur titre homologué de berger-vacher transhumant, un diplôme de niveau 4. «Mais un tiers seulement des lauréats abandonne par la suite, tempère la responsable de cette formation proposée par les CFPPA de Lannemezan et Montardon et qui se déroule à Oloron-Sainte-Marie. Deux ans pour se former à tous les aspects, c'est un minimum, surtout que nous sommes les seuls à proposer la spécificité fromage.» Pour y goûter, les candidats devront satisfaire à la dernière journée de sélection fin février à Oloron avec quatre épreuves (marche en montagne, comportement en bergerie, entretien en salle et entretien psychologique). Le rêve d'une vie est à ce prix. Pour les autres, il faudra patienter deux ans pour intégrer la prochaine promotion.
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