Au Nid de Brebis

Le Nid de Brebis


dimanche 27 septembre 2015

European Shepherd Network : Bulletin ESN: Été 2015

European Shepherd Network

Chers amis,
Chers bergers et éleveurs,
La coordination des actions pastorales en Europe progresse ! Du 26 au 28 juin, le Réseau des Bergers Européens (European Shepherd Network, ESN) a organisé la troisième Assemblée des Pastoralistes Européens dans la ville de Coblence, en Allemagne. L’événement a rassemblé plus de 50 éleveurs délégués provenant de l’ensemble du continent. Ensemble, nous avons signé une déclaration commune afin de pousser les autorités à prendre rapidement des mesures effectives pour préserver l’élevage traditionnel. Nous avons également voté un plan d’action collectif : le réseau ESN est désormais en marche, avec un calendrier d’actions concrètes visant à soutenir les organisations de ses membres.
La newsletter de cet été résume les résultats de cet événement, ainsi que les actions à venir. Le pastoralisme est menacé, mais unis, nous pouvons résister à l’industrialisation de l’élevage et préserver nos différents modèles de production et nos différentes cultures. Dans de nombreuses régions hors Europe, les bergers nomades doivent également faire face à l’oppression. Nous étendons notre champ d’action à d’autres pays en faisant part de nos inquiétudes concernant les nomades au Tibet et en Palestine.
Par ailleurs, si vous êtes sur Facebook, n’hésitez pas à suivre la page du réseau ESN !
— L’équipe du réseau ESN
http://shepherdnet.eu

Troisième Assemblée des Pastoralistes Européens : créer un réseau de pastoralistes unis

Du 26 au 28 juin, plus de 50 bergers et éleveurs provenant de 17 pays européens se sont rencontrés à l’occasion de la troisième Assemblée des Pastoralistes Européens organisée par l’ESN à la forteresse d’Ehrenbreitstein à Coblence, en Allemagne. Cet événement de trois jours avait pour objectif d’identifier les problèmes rencontrés par les diverses communautés pastorales en Europe, d’échanger sur les solutions possibles et de s’accorder sur les actions qui seront mises en place par le réseau ESN.
Les pays représentés étaient la Belgique, la Bulgarie, la France, l’Allemagne, la Grèce, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la région des Samis, l’Écosse et l’Espagne.Parmi les activités représentées, nous pouvons citer la transhumance, l’élevage d’ovins et de caprins, l’élevage extensif de bovins, la renniculture en région arctique et le crofting.
1Délégation européenne à Coblence (photo de Rudi Kumpen)
En travaillant par groupes thématiques, les délégués européens ont identifié les principaux problèmes rencontrés par leur communauté d’un point de vue économique, politique, environnemental et culturel. Ils ont abordé les solutions actuellement mises en place au niveau local et ont discuté des scénarios qui pourraient résoudre les problèmes rencontrés, dans le but d’apporter des recommandations clés au réseau ESN.
À ces ateliers se sont ajoutées des conférences et des tables rondes avec des spécialistes techniques et des responsables politiques, abordant des sujets urgents tels que l’exploitation des pâturages, les services environnementaux fournis par les bergers et les dispositions de la PAC. Le 27 juin, deux éleveuses, Ruth Häck de Bundesverband Berufsschäfer(Association fédérale des bergers d’Allemagne) et Verdiana Morandi de l’Associazione dei pastoritransumanti del Triveneto (Association des pasteurs transhumants de Triveneto, en Italie) ont présenté les conclusions de cessessions thématiques à un panel interdisciplinaire, au nom du réseau ESN. Le panel, composé de Heinz-Wilhelm Geldermann (Ministère de l’agriculture allemand), Irene Hoffmann (FAO– Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) Anita Idel (écrivain), Katrin Kuka (Institut Julius Kühn), Rainer Luick (Université de Rottenburg) et Antonia Lütteken (Co mmission agricole européenne), a explicité le rôle de l’administration, de la science et des institutions dans le soutien des éleveurs.
L’événement s’est conclu par une fête publique au cours de laquelle les délégués pastoraux ont présenté leurs produits et leur savoir-faire à la population locale. Ce fut l’occasion d’échanger d’autres idées et points de vue sur des domaines importants tels que l’élevage des chiens, les techniques de production de laine et les produits alimentaires.

La déclaration de Coblence

La déclaration de Coblence a été ratifiée par 18 organisations pastorales présentes à la troisième Assemblée des Pastoralistes Européens. Elle adresse neuf requêtes prioritaires aux autorités visant à soutenir efficacement le pastoralisme en Europe. Vous pouvez télécharger le texte intégral sur le site Web du réseau ESN. N’hésitez pas à le partager avec vos contacts pour nous aider à renforcer le mouvement européen en faveur du pastoralisme que le réseau ESN s’efforce de bâtir !
2Assemblée des Pastoralistes Européens, en plénière

Plan d’action du réseau ESN 2016-2017

Les délégués pastoraux à Coblence ont voté trois recommandations clés, qui serviront de ligne de conduite au réseau ESN en 2016-2017 :
  1. Mise en place d’une campagne à l’échelle européenne visant à inclure les pâturages subsidiaires (forêts, zones montagneuses, prairies non conventionnelles, etc.) dans les subventions prévues par la PAC.
  2. Organisation d’un atelier autour de la prédation, avec des sessions de dressage de chien,de partage de connaissances et de discussion sur les recommandations stratégiques.
  3. Création d’une carte de mobilité des troupeaux incluant les itinéraires en Europe, et ouverture d’un débat sur la mise en place d’un statut de protection pour les itinéraires de transhumance menacés.
Avec l’arrivée de l’automne et le retour des troupeaux vers les basses plaines,nous préparons actuellement ces opérations, et ne manquerons pas de vous tenir au courant de leur avancée !

Soutenir les éleveurs qui préservent les paysages pastoraux d’Europe : changer les dispositions de la PAC concernant les pâturages permanents

Une pétition, lancée par la Plateforme espagnole pour l’élevage extensif et le pastoralisme et signée par 80 organisations agricoles et environnementales, propose un remaniement des règles de la PAC actuellement en vigueur concernant les pâturages permanents, et de celles qui sont prévues pour la période 2014-2020. L’objectif est d’étendre les subventions de la PAC à l’ensemble des pâturages actifs.
Le Forum européen sur la préservation de la nature et le pastoralisme (European Forum on Nature Conservation and Pastoralism, EFCNP) a publié un bulletin sur la lutte continue pour les herbagers traditionnels et contre la reclassification des terres agricoles dans les États membres. Bien que les éléments paysagers, tels que les arbres et les haies, fassent partie des systèmes agricoles traditionnels en Europe, ils se détériorent de façon inquiétante à cause des dispositions de l’UE décourageant les éleveurs de prendre toute initiative d’entretien. Actuellement, selon les dispositions de la PAC, les pâturages pouvant bénéficier de subventions ne doivent pas comporter plus de 50 arbres par hectare et les haies ne doivent pas dépasser 2 m de largeur. Dans de nombreux États membres, ces dispositions ont souvent entraîné l’abandon des pâturages boisés. Par conséquent, ceux-ci sont recouverts de broussailles et de haies abattues, ce qui génère des coûts pour les éleveurs et une réduction de la zone d’habitat.

Ailleurs dans le monde

Tibet

En mai, le Centre tibétain pour les droits de l’Homme et la démocratie (Tibetan Centre for Human Rights&Democracy, TCHRD) et la Ligue du peuple pastoral (League for Pastoral Peoples, LPP) ont co-publié un rapport complet sur le destin du pastoralisme au Tibet, intitulé « Waste Lives: A Critical Analysis of China’s Campaign to End Tibetan Pastoral Lifeways » (en français, « Vies gâchées : analyse critique de la campagne chinoise visant à mettre fin aux activités pastorales tibétaines »). Grâce aux pratiques d’utilisation des terres traditionnelles, les prairies du plateau tibétain sont« gérées durablement et productivement par les bergers tibétains depuis 9 000 ans ». Au Tibet, le pastoralisme est pratiqué par des nomades, qui guident des troupeaux de yaks, bovins, chameaux, chevaux, moutons et chèvres. Depuis les années 1950, les bergers tibétains souffrent de sédentarisation forcée et d’expulsion des pâtures sous l’ ccupation chinoise. Toutefois, le rapport indique que l’appauvrissement des nomades, causé par les lois sur les pâtures (orientées vers la productivité, la terre arable et la modernisation, mais également vers la conservation), a été le principal facteur de l’exode rural. La réalité du déclin du pastoralisme est complexe, mais certains signes encourageants subsistent : certains bergers parviennent en effet à conserver des institutions traditionnelles de la communauté qui permettent la mobilité des troupeaux.

Palestine

En mai, la Cour suprême israélienne a rejeté une demande formulée par les Bédouins al-Uqbi contre la nationalisation de leurs terres natives en 2015. Les Bédouins sont un peuple pastoraliste autochtone, dont l’économie repose sur l’élevage. La décision de la Cour ne tient pas compte des témoignages de 11 doyens qui ont raconté leur histoire et donné des détails sur leur vie, leur agriculture, leurs activités pastorales, leur mode de vie, etc., et nie les origines des Bédouins, indique Oren Yiftachel, professeur de géographie à l’Université Ben-Gurion. À plusieurs reprises, l’Israël a accusé les communautés bédouines (environ 160 000 personnes) de pénétrer illégalement sur le territoire de l’État dans la région du Négev, au sud du pays. Les autorités israéliennes veulent sédentariser les Bédouins. Elles ont déjà déporté nombre d’entre eux dans des villes bâties par le gouvernement, malgré les « nombreuses preuves attestant de la reconnaissance de la propriété territoriale des Bédouins pendant les ères ottomane et britannique, à la fois en termes de lois traditionnelles et de titres officiels de propriété ».

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