Transhumance en Quercy fait école»
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Agriculture - L'invité de la semaine : Jean-Louis Issaly
Le 14/04/2015
Demain mardi, «Transhumance en Quercy» lancera, sur les chemins et les petites routes, un troupeau de 700 brebis de la cité de Rocamadour aux parcelles broussailleuses de Luzech.Une aventure imaginée par Jean-Louis Issaly.
Un berger comme l'est Jean-Louis Issaly ne prend pas de retraite. Son métier, il le vit à 65 ans avec la même passion que lorsqu'il gardait son premier troupeau sur l'exploitation familiale de Magnens, à Lunegarde. «Dans le berceau de la caussenarde, de la brebis à lunettes» comme il dit. L'homme est à l'origine de l'aventure moutonnière qui se déroule depuis une dizaine d'années, au mois d'avril, entre Rocamadour et Luzech. Une transhumance qui met en mouvement un troupeau de plusieurs centaines de bêtes.
D'où est venue cette idée ?
Ce département est leader dans l'élevage du mouton, un élevage surtout de tradition pastorale très sédentaire. Il faut bien noter que la transhumance n'existait pas dans le Lot. J'ai voulu, cela fait 12 ans cette année, mettre en route un processus de troupeau collectif qui se déplacerait sur un territoire où il n'y avait plus de moutons. Cela répondait à la demande de collectivités et d'associations comme l'association foncière pastorale de Luzech et Labastide-du-Vert. On a démarré comme ça.
Pourquoi Rocamadour-Luzech ?
Au début on a fait avec les moyens du bord, puis un jour j'ai proposé un déplacement des animaux de la manière la plus logique et la plus simple, par la voie pédestre. Rocamadour me semblait le lieu de départ de cette transhumance le plus emblématique.
Combien de brebis cette année ?
Mardi, on va démarrer avec 500 brebis et à l'arrivée avec les apports en cours de route, il y en aura 700. Nous allons parcourir 80 kilomètres en 5 jours, toujours sur le même itinéraire avec des étapes à Carlucet, Frayssinet-le-Gourdonnais, Gigouzac, Nuzejouls, Crayssac et arrivée samedi 18 avril à Luzech.
Quel est l'intérêt des éleveurs et des propriétaires des parcelles ?
Pour les éleveurs, cela permet de bénéficier d'une ressource fourragère hors exploitation et cela soulage sachant que les troupeaux seront gardés jusqu'à fin août. Les propriétaires des terrains vont pouvoir profiter d'une réhabilitation de leurs parcelles, cela va bien au-delà du risque incendie. Sur Luzech, le paysage a changé en bien, gommant les traces de l'incendie de 1999.
Avez-vous des salariés ?
Transhumance en Quercy emploie 4 personnes, 2 bergers, Fred et Sylvie et 2 aides bergers Jean-Christophe et Christophe qui ont en charge la logistique. Et tout cela grâce aux aides des communes, de l'Europe avec ses mesures agrienvironnementales, du département. L'association bénéficie en particulier du soutien d'Isabelle Lapèze, chargée de la politique des espaces.
Ce modèle de transhumance peut-il être exporté hors Lot ?
Elle fait école. On nous demande d'intervenir sur Belaye, Espère, sur le domaine de Cuzals, au Mont Saint-Cyr à Cahors. En lien avec le conseil départemental du Cantal, nous avons une transhumance qui part d'Espédaillac fin mai, pour rejoindre les estives à la station du Lioran. Et je ne désespère pas de pouvoir lancer une démarche pyrénéenne du même type.
La transhumance, c'est du folklore ?
Cette remarque, je l'ai entendue de la bouche des éleveurs qui ne participent pas à l'opération. Le public plébiscite la transhumance, mais de la part de la profession elle-même, il y a beaucoup de perplexité. Alors cela me fait sourire.
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