Les éleveurs de brebis et de moutons ont besoin de bergers. Mais aussi de consommateurs plus réguliers tout au long de l’année.
La filière ovine doit installer plus de 500 éleveurs par an pendant dix ans pour maintenir sa production. Un sacré défi pour la filière, qui compte près de 20 000 éleveurs professionnels (avec plus de 50 brebis) sur environ 70 000 détenteurs de brebis (y compris à titre accessoire ou pour l’agrément) en France. Rappelons que la filière constitue le gros du cheptel avec près de 5,3 millions de brebis en France sur 7 millions d’ovins.
Favoriser la consommation
Les chiffres du service de statistique du ministère de l’Agriculture ne sont pas glorieux pour 2016. Alors que la viande est bien disponible sur les marchés du fait de la hausse des abattages d’ovins (+ 2,7 % par rapport à 2015), la consommation recule de 3,1 % et cela malgré un repli des importations de 7 %. En quantités achetées, les ménages ont même baissé leurs achats de 38 % en dix ans. Aussi, la filière réfléchit à trouver de nouvelles découpes de viande, comme celles utilisées en Irlande, affichant une plus grande praticité. Et souhaite inciter à une consommation plus régulière, hors des pics de Pâques et de l’Aïd-el-Kébir.
Rodolphe Lepoureau, PDG de Sovileg, pointe du doigt la nécessité de segmenter le marché : « Le luxe se construit par des niches. Il ne faut pas faire de la filière ovine une grande niche, mais une multitude de petites niches ». En parallèle, la production de moutons a augmenté de 3 % en 2016, soit 144 000 têtes. Une première depuis 2011, qu’a saluée la Fédération nationale ovine (FNO) lors de son congrès en Belgique, en avril.
Car l’une des particularités de cette filière, longtemps en difficulté, est bien d’être ouverte sur l’Europe avec des échanges entre professionnels, notamment pour relancer la communication et la consommation.
Autre particularité : la présence d’une femme à la tête de la FNO. Michèle Boudoin, fille de la ville, est devenue éleveuse à la suite d’une reconversion professionnelle, à 28 ans. Elle a trouvé sa place dans cet univers plutôt masculin.
Tout un symbole pour cette filière qui se doit d’être ouverte pour se redévelopper.
« Ensemble, on peut tout exploser », avait-elle lancé, il y a deux ans, pour le lancement d’Inn’Ovin, le programme de « reconquête » de la filière.
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