Au Nid de Brebis

Le Nid de Brebis


mardi 25 mars 2014

Lutte à mort entre loups et bergers dans le haut pays grassois - 10/11/2012 - LaDépêche.fr

Lutte à mort entre loups et bergers dans le haut pays grassois - 10/11/2012 - LaDépêche.fr

Lutte à mort entre loups et bergers dans le haut pays grassois

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Bernard Bruno, un berger du plateau de Caussols dans les Alpes-Maritimes, regarde l'une de ses brebis tuée par un loup. - Jean-Christophe Magnenet AFP
Bernard Bruno, un berger du plateau de Caussols dans les Alpes-Maritimes, regarde l'une de ses brebis tuée par un loup.
"Il faut qu'on se fasse une raison: berger, c'est un métier perdu", soupire Bernard Bruno, qui garde son troupeau sur le plateau de Caussols, au nord de Grasse, et qui vient de perdre 13 brebis, dernières victimes en date du loup dans les Alpes-Maritimes.
Une carcasse de brebis éventrée à ses pieds, le quadragénaire dit sa désespérance devant les attaques incessantes contre les troupeaux.
En maintenant le prédateur dans les zones pastorales, "on tue l'élevage ovin extensif, un élevage naturel, plus qu'écologique!", peste cet homme, qui garde des moutons depuis l'âge de 14 ans. "Et pourtant, notre viande de qualité, on l'écoule sans problème!", assure-t-il.
"Je fais partie de la dernière génération de bergers qui travaillent comme ça. Car qui a envie de travailler avec ces conditions, 7 jours sur 7, pour gagner le Smic?", se désole cet homme, par ailleurs président du Syndicat ovin départemental, qui a vu son troupeau de 1.000 bêtes attaqué au moins "17 fois en trois mois" d'estive dans le Mercantour.
Pour lui, ce ne sont pas tant les brebis tuées - dont les propriétaires sont dans la plupart des cas indemnisées par l'Etat - qui le tracassent que "tout le reste". Les troupeaux apeurés, les brebis qui avortent après une attaque, les patous (chiens gardiens de troupeaux) tués - M. Bruno affirme en avoir perdu quatre-, l'obligation de parquer les bêtes, dès la tombée de la nuit, au risque qu'elles prennent froid en piétinant sous la pluie...
Et pour le berger, les bêtes blessées par les loups qu'il faut, la mort dans l'âme, achever au couteau dans les collines; les nuits sans sommeil à tirer des coups de feu en l'air pour effrayer, en vain, les loups aux aguets... "C'est comme si des cambrioleurs étaient constamment autour de votre maison et qu'ils vous dévalisaient dès que vous partez", s'énerve le berger.
"Personne ne veut nous entendre"
Patrick Bruno, berger comme son frère, se veut alarmiste: "Un jour, ça va mal se terminer parce qu'il n'y a personne qui veut nous entendre".
L'oeil rivé sur son troupeau de 400 mérinos d'Arles paissant sur le plateau, à 1.100 mètres d'altitude, André Franca, 60 ans, est catégorique: "On demande à ce que le loup soit exterminé. Il n'est pas compatible avec notre travail. Un loup, c'est ce qu'il y a de pire, c'est trop intelligent!".
Selon Bernard Bruno, la moitié des éleveurs ovins du département ont disparu au cours des 15 dernières années, passant d'environ 200 à une centaine aujourd'hui.
Pour l'association écologiste Ferus, si le loup peut poser "ponctuellement" des difficultés aux éleveurs, il n'est "pas responsable" de leurs problèmes, "bien antérieurs", selon elle, à la présence du canidé sur le territoire français, avérée depuis 1992.
Parmi les douze départements où des attaques de loups ont été constatées, celui des Alpes-Maritimes est l'un des plus touchés. Selon la préfecture, 500 attaques y ont été dénombrées de janvier à septembre, soit 1.600 brebis tuées. A titre de comparaison, 310 attaques avaient été signalées sur toute l'année 2011 (850 brebis tuées).
Les tirs de défense sont autorisés afin d'effrayer le prédateur. Au moins 200 loups sont présents dans l'Hexagone.
Une proposition de loi récemment déposée par Charles-Ange Ginésy, député UMP des Alpes-Maritimes, vise à autoriser les éleveurs à tirer sur les loups menaçant leurs troupeaux, y compris au sein des parcs nationaux. "Parcs de regroupement mobiles électrifiés, parcs de pâturage de protection renforcée, chiens de protection et aide au gardiennage n'ont aucun effet", estime-t-il.
La ministre de l'Ecologie Delphine Batho a promis "l'ouverture d'un processus de concertation dans la perspective d'un nouveau plan national d'action" sur le loup qui succédera en 2013 au plan 2008-2012, visant à protéger le loup tout en limitant son impact sur l'élevage.

Pour les bergers, y'a un loup ! | Factuel.info

Pour les bergers, y'a un loup ! | Factuel.info

Des bergers de plusieurs passifs français se sont réunis début novembre à la Petite Echelle, un alpage du Mont d'Or. Ils ont parlé du grand prédateur dont le succès médiatique éclipse leurs difficiles conditions de travail et des pratiques d'élevage nées avant le retour du loup.
Un patou au milieu des moutons dans le Parc national des Ecrins. Ph DB
Qu'on se le dise, les bergers ne veulent pas de l'éradication du loup réclamée à cor à cri par les syndicats d'éleveurs au premier rang desquels la FNSEA. Ils demandent seulement qu'on les protège du prédateur. Ils acceptent même qu'on lui tire dessus pour éliminer un « loup à problème », voire une meute. Enfin, pas tous. Ceux qui en sont là sont directement concernés par les attaques. Ils parlent d'échec de la gestion du loup après son retour, notamment dans le Mercantour.
Les bergers n'apprécient pas trop non plus qu'on leur dise que le patou ou le regroupement nocturne sont des solutions miracles. Car les chiens de protection n'empêchent pas toujours les attaques. Arrivés les premiers sur les lieux des carnages, récupérant les carcasses et gérant le stress des brebis survivantes, les bergers ont le blues. Voire pire. L'un deux a récemment été condamné par un tribunal niçois à quatre mois de prison avec sursis pour avoir cogné à coups de manche de pioche deux agents du parc du Mercantour venus constater une attaque.
Un site incontournable, pratique et scientifique
L'observatoire du loup
La situation est-elle sans issue ? C'est ce que craint l'association des bergers de Provence et des Alpes du sud qui dénonce dans un communiqué le fait que tout se passe « comme si les bergers étaient la variable d'ajustement de la protection du loup ». Le texte a été largement apprécié par lecolloque de la Petite Échelle qui a consacré une matinée à un débat sur la place du loup dans l'environnement et le pastoralisme, et aux solutions aux problèmes qu'il pose : « 5500 brebis sont mortes sur 250 communes de l'arc alpin où l'on recense 1300 patous (chiens de protection) », dit Antoine Le Gal, berger dans le haut Verdon et représentant au GNL, le groupe national loup.
« Frappée par la violence de mon employeur »
La discussion n'est pas facile tant est palpable « la souffrance des bergers », explique Eric qui en « tremble tant le sujet l'émeut ». Solène, qui travaille en Ariège, confrontée à l'ours, pointe les difficultés avec les éleveurs, souvent réunis en syndicats ou groupements pastoraux où ils ne défendent pas toujours la même position par rapport aux prédateurs. Une bergère alpine est même « frappée par la violence de mon employeur qui reporte la faute sur moi » en cas d'attaque.
Les autres réactions qui énervent viennent de ceux qu'on pourraient croire les alliés des bergers : les touristes et les randonneurs, mais ils ne voient pas forcément la montagne comme un outil de travail. Il y a certes les « écolos de salon », mais aussi les « touristes qui parlent d'espaces sauvages, à qui il est difficile de faire comprendre que ces espaces sont domestiqués », dit Christiane, bergère en Oisans depuis plus de 20 ans. Il arrive que même l'ONCFS s'y mette, ne « donne d'information sur la présence d'un loup que lorsque tout le monde le sait », regrette Mathieu, berger en Maurienne.
« Certaines pratiques favorisent la prédation »
Alors, faut-il tuer le loup ? D'abord, il n'y a pas « le loup », mais des loups. Ensuite, les opinions divergent. Les uns sont d'accord pour des tirs ciblés, tout en sachant bien que c'est repousser un problème qui reviendra : « Diminuer la population de loups, il y a des endroits où il faut le faire... Mais que fera-t-on ensuite quand elle remontera ? », dit Mathieu qui résume assez bien un point de vue largement partagé, mais qu'il faut nuancer : « Bien sûr que certaines pratiques favorisent la prédation », dit Antoine.
D'autres entendent proposer de vivre avec le prédateur en lui compliquant la vie dès lors qu'il chercherait à manger du mouton. Cela part de l'idée, que la plupart des bergers acceptent, selon laquelle il est nécessaire de préserver la biodiversité, une biodiversité qui doit inclure... l'homme. Vivre avec le loup donc, c'est aussi le comprendre. Réaliser qu'il est champion dans le calcul du coût énergétique d'une prédation et ira toujours au plus facile. Le plus facile est-il de s'attaquer à cinquante brebis parties brouter un coin d'alpage isolé ? Peut-être faudrait-il garder le troupeau compact, suggère Gérard Vionnet, paysan dans le Haut-Doubs, berger et naturaliste. Mais pour cela, il faut au moins deux bergers et disposer de chiens de protection préparés. Car il ne suffit pas d'avoir les fameux chiens, il faut un minimum d'imprégnation au sein des moutons, des relations avec les hommes qui n'ont souvent conçues celles-ci qu'avec les chiens de conduite... Bref, c'est d'une évolution du métier de berger dont il s'agit, avec de la formation, de la recherche, du partage de connaissance, ce qui signifie davantage de moyens que ne sont pas forcément disposés à consentir tous les éleveurs.
«Faire émerger des solutions locales immédiates»
Gérard Vionnet a testé l'été dernier dans le Vercors ses intuitions en gardant 2000 brebis en zone loup. Il en est revenu avec quelques pistes pour les secteurs où le loup n'est pas encore installé à demeure : « il faut faire émerger des solutions locales immédiates, essayer les barrières de fladry (également ici) qui marchent cinq à huit mois, les doubles filets, les doubles parcs... »
Maurice Tissot, militant de la Confédération paysanne du Doubs, s'interroge sur la notion de « seuil de tolérance ». Il pense au cauchemar de Thierry Maire dont l'élevage de Chapelle d'Huin avait subi une cinquantaine de pertes à la suite de plusieurs attaques en 2011 : « Il n'en dormait plus... Si j'avais une attaque tous les trois ans, je l'accepterai peut-être, mais là...»
Quoiqu'il en soit, la parole s'est libérée, et bien avant la Petite Echelle. Dans l'Isère, les bergers ont créé cet été un syndicat des gardiens de troupeaux qui s'est affilié à la CGT. Il a saisi les prudhommes de Grenoble de requalifier les CDD saisonniers des bergers en CDI intermittents : « on part des problèmes du loup, on arrive au statut des bergers, faisons passer nos solutions », dit son responsable, Michel Didier, présent sur le Mont d'Or. Est-ce là l'esquisse de la future fédération nationale des bergers dont le congrès constitutif se tiendra en avril prochain dans les Cévennes ? On n'en est pas là, mais on commence à entrevoir que creuser la question du loup débouche sur d'autres problématiques. « Le loup est là pour qu'on fasse n'importe quoi ailleurs, un moyen pour que l'agriculture intensive fasse ce qu'elle veut ». Antoine Le Gal est proche de cette analyse : « les syndicats d'éleveurs sont pour l'éradication du loup, pas nous. Mais certains profitent du loup pour éviter de parler des contrats de travail... »

L’espace des bergers · ledroitdesbrebis

L’espace des bergers · ledroitdesbrebis

L’espace des bergers


Voici le texte de mon intervention au symposium de St Martin Vésubie
On dit que les bergers sont des marginaux. C’est vrai, il travaillent et souvent vivent dans des espaces de marge entre la nature « sauvage » (plus ou moins) et la campagne agricole. Ecologiquement, se sont des endroits très important à cause d’une grande diversité de milieux. Le jargon des gestionnaires d’espaces naturels fait qu’on les appelle « espaces ouverts » mais c’est un milieu bien plus riche pour être résumé à ce clivage de milieux ouverts ou fermés. Dans ces milieux, par exemple, la broussaille a sa place. Comme elle est très évolutive, elle ne peut pas se maintenir dans un endroit strictement protégé. Elle est préservée par le pastoralisme extensif pour qui cela représente une nourriture.
Les berger travaillent donc toujours dans des endroits difficiles. (Dans un pré on clôture le troupeau qui y passe les périodes délicates comme l’agnelage). C’est pourquoi, il ne leur est pas possible d’admettre les propos tenus cet été par plusieurs grandes associations pro loup disant au sujet de ce département : je cite,« Dans les Alpes-Maritimes, beaucoup de troupeaux sortent toute l’année dans des terrains escarpés et broussailleux. Ce mode de pastoralisme est-il vraiment adapté ? » Eh bien oui ! Bien sûr.
Les bergers sont bien loin de cette forme d’écologie liée à la culpabilité de notre société industrielle .
Dans les espaces de « marge » on continue à trouver une agriculture traditionnelle « paysanne » renforcée aujourd’hui par l’agriculture biologique. Quel avenir leur réserve les décideurs européens, qui par ailleurs ont fait le choix du loup? Pour exploiter ces espaces il faut une certaine tolérance pour les manifestations de la nature spontanée car on ne peut rompre sans conséquences tout les équilibres naturels. C’est bien sûr une tolérance maîtrisée faisant partie d’un savoir faire. C’est ainsi, que l’on savait déjà qu’exterminer systématiquement les petits prédateurs serait dangereux puisque leurs proies naturelles proliféreraient. Dans bien des cas il vaut mieux utiliser « le mal contre le mal ».
C’est évidemment sur cette tolérance que comptaient les promoteurs du loup dans la possibilité de son acceptation par les bergers.
Mais qu’a fait l’administration européenne ou Française de cette culture de tolérance ? Faut il le rappeler ?
Elle fait une guerre aux bactéries même celles qui donnent leur goût aux fromages.
Nous avons pourtant besoin de bactéries, bien sûr de façon maîtrisée. C’est un savoir aussi et on cherche à le supprimer.
Elle encourage le gaspillage en interdisant a un restaurateur de donner aux cochons les reste des repas qu’il a servi le jour même à sa table.
Elle robotise le vivant en obligeant les éleveurs à marquer leurs troupeaux d’une puce électronique.
Elle oblige à concentrer les animaux dans des abattoirs centralisés ou ils connaissent un très fort taux de stress.
Elle interdit aux agriculteurs de semer des graines issus de leur propre production, c’est à dire qu’elle les contraint délibément à la dépendance face aux semenciers industriels.
Aujourd’hui, le résultat le plus achevé de ce programme est le projet d’une obligation de génotypage des reproducteurs mâles. Pour lutter contre la tremblante du mouton, on a identifié un gène résistant à cette maladie et donc mis en place un programme de sélection des reproducteurs par génotypage. Ce critère prévaudra en 2015 sur ceux que se donnent les paysans par leur savoir faire. Avec cette obligation de génotypage, il est clair que de nombreux autres cas vont se superposer à celui de la tremblante et ce ne seront plus que les analyses ADN qui détermineront les reproducteurs. Fini les échanges de béliers entre éleveurs, ce sera hors la loi ! Or c’est dans la liberté de conduire génétiquement les troupeaux que repose la richesse du patrimoine des race rustiques locales.
Ce genre de règlements est insidieux, car ils progressent chaque année, petit à petit, pour être moins choquant. Mais c’est bien un avenir fait d’OGM qu’on nous prépare. Il sera fait pour et par les marchands de stérilisants ou de vaccins. Ce qui est drôle d’ailleurs c’est qu’avec la manie de la stérilisation, on n’aurait pas découvert les vaccins, car cela part du principe qu’un corps qui a été en contact avec la maladie saura se défendre plus tard et ne tombera plus malade. On inocule donc un microbe inactif. Le premier vaccin a été mis au point par Edward Jenner simplement en vérifiant un savoir traditionnel paysan qui disait qu’un humain qui attrape la variole bovine (qui lui est inoffensive) n’attrapera plus la variole humaine qui est mortelle.
C’est bien pour cette raison qu’un élevage rustique avec le minimum d’interventions sanitaires est plus résistant qu’un élevage intensif.
Quand j’ entend toute sorte de scientifiques étudiant la peur de la nature, la peur de la foret, la peur du loup qui traînerait dans notre inconscient collectif, je trouve évidemment important qu’elle soit analysée pour de vrai tant ces sujets sont utilisés à tort et à travers. (Nous sommes dans une société qui voudrait apprendre aux enfants la psychanalyse des contes de fées avant de leurs raconter les histoires en question le vaccin contre la peur n’opérera plus). Mais je ne peux m’empêcher de me dire que cet acharnement à vouloir analyser notre peur ancestrale de la foret ou du loup est bien un petit vélo de scientifique. Car nous sommes bien plus directement confrontés à une psychose massivement entretenue à des fins mercantiles avec l’accord de nos gouvernants, qui tend à confisquer des savoirs faire paysans et dont le résultat est la stérilisation de la vie.
Si l’on sape ainsi cette idée de tolérance pour la nature spontanée, ou pourra t-on trouver les qualités nécessaires pour accepter les grands prédateurs ?….
C’est ici qu’on est tombé dans l’artificiel en croyant défendre la nature.
Le loup a été sacralisé et on a interdit toute forme de réaction active par rapport a sa prédation. Toutes les réponses officielles ont été apportées après des mois de palabre et toujours avec un décalage flagrant avec la réalité. Or la nature est très réactive, elle. Ceci a eu pour seul résultat d’accoutumer le loup à l’homme et à ses activités, le contraire de l’effet recherché.
A l’époque ou des bergers se déclaraient favorables à la cohabitation avec le loup, ils entendaient généralement par là qu’ils pouvaient tirer sur le prédateur qui attaque son troupeau et la plupart avaient un fusil pour cela. Souvent, ceux qui ne partageaient pas leur avis craignaient d’avoir à intégrer un savoir faire lié aux armes à feux.
L’idée « d’éducation du loup » comme l’appelait Michel Meuret et ses collaborateurs de l’INRA qui n’est donc pas forcément létal aurait non seulement eu un effet essentiel sur le comportement du loup, mais aurait été quelque chose de compréhensible dans le milieu pastoral ou l’on a l’habitude d’éduquer les animaux. (Il ne s’agit bien sûr pas là de domestiquer les loups mais du contraire, les garder sauvages).
Quand aux techniques de défense passive, elles ont souvent étés imposées sur tout les troupeaux de France voir d’Europe sans tenir compte des situations spécifiques à chaque région.
D’expérience, je considère par exemple l’obligation du parcage nocturne du troupeau comme une contrainte arbitraire qui peut avoir des conséquences néfastes sur l’environnement. Pour le patou, si on est loin de se rendre compte de tout les désagréments qu’il occasionne et du travail supplémentaire qu’il représente, il génère, par contre, des savoirs faire qui pourraient enrichir le métier et de ce fait il est généralement bien accepté. Le patou est dans cette logique de « soigner le mal par le mal », un canidé contre un autre. La plus part de ses désagréments sont dus à une mauvaise connaissance de ces chiens par le public, il n’ empêche que cela reste l’éleveur qui en est responsable. De plus, la demande ayant explosé, il n’y a pas eu suffisamment de patous sélectionnés éduqués et surtout suivis. Il y a encore bien des carences dans ce sens.
C’est ici que tout les petits calculs que l’on fait sur le loup afin de présenter celui ci comme une sorte de percepteur passant dans tout les élevages ovins de France pour encaisser une « taxe biodiversité » d’ a peine 0,1 pour cent est prise en défaut. Car en restant dans cette logique, on constaterait d’évidence que le patou coûte aussi cher et est aussi contraignant, actuellement, que le loup. Il vaudrait mieux ne pas faire d’angélisme, le patou est efficace à la façon d’une assurance qui coûte évidemment plus cher que la moyenne des dégâts. Pour le troupeau c’est même une « rassurance »
et ceci est important car un accident comme une attaque de loups a des séquelles graves.
En France il n’y a pas comme aux Etats Unis ou en Europe de l’est des espaces naturels suffisamment grands pour que la nature puisse s’y exprimer totalement sans interventions humaines.
On parle de l’écosystème dont les grands prédateurs seraient la clef de voûte, mais le pastoralisme aussi est un système et il faudrait lui laisser vivre sa vie.
Un berger est forcément toujours sur un espace A protéger et il le sait.
Il faut considérer l’importance de ces espaces semi-naturels et les prendre comme référence dans la gestion écologique ; Sinon ce camaïeu de milieux allant des anciens prés de fauche jusqu’au début de la foret disparaîtra. Il y aura une grosse frontière, un mur peut-être (ce sont des choses que l’on imagine facilement aujourd’hui) séparant le maïs transgénique et la nature sois disant « sauvage ». Je ne plaisante pas, vouloir délimiter des espaces ou des espèces sûr protégés, c’est semer l’idée que le loup devrait être cantonné dans de grands espaces clôturés. Vous savez bien que cette tentation existe.
Puisque les espaces de marge ont un statut trop précaire, je propose de leur accorder un mode de protection particulier et pérenne.
Ce « plan de protection du pastoralisme » reposerait sur l’engagement par l’état que le nombre de bêtes pâturant les prairies naturelles, les alpages mais aussi les friches voire les no-man lands. Serait maintenu. On s’engagerait aussi à maintenir la surface de ces pâturages, avec la possibilité de mesures compensatoires pour échanger un lieux contre un autre, mais de façon limitée car la marge ne supporte guère l’ excès de rationnalisme. Ainsi toutes les incitations aux divers changements se feraient avec les moyens nécessaires et, en quelque sorte, par la loi de l’offre et de la demande. Ce système aura l’avantage d’obliger à tenir compte d’autres facteurs que seulement le côté financier par lequel on résume beaucoup trop rapidement le problème des éleveurs.
Lorsque l’homme ne craint pas d’assumer son rôle de gestionnaire d’ espaces naturels, il parvient sur de petits espaces parfois fractionnés, à rétablir un équilibre naturel sans doute moins riche qu’a la préhistoire, mais c’est du beau boulot.
Si on cherche pour les grands prédateurs une place, il faut la leur faire tenir, sans quoi c’est celle des bergers que l’on nie. Ainsi, j’aurais préféré que le loup soit réellement réintroduit pour que sa place soit étudiée préalablement.
La encore je me pose des questions sur les scientifiques. Ils étudient très abondamment le loup, l’état de la population son évolution etc… mais ont très rarement fait ou divulgué de recherches permettant aux éleveurs et bergers d’anticiper la présence du loup ou autres informations facilitant ce qu’il est convenu d’appeler la « cohabitation » . Pourquoi alors autant de travail scientifique sur une espèce qui se débrouille très bien toute seule.
Pour finir, je voudrais me risquer à vous présenter une idée que vous jugerez sans doute un peu iconoclaste :
Puisque la naturalité du retour du loup est largement à relativiser, pourquoi ne pas amorcer un chantier plus complet et diversifier les prédateurs ?
En effet, le loup n’est pas une de ces espèces « parapluie », emblématique mais fragile, dont la protection serait bénéfique à toute une série d’autres animaux ou même végétaux. Le loup serait plutôt, parmi les grands prédateurs, l’espèce envahissante. Pourquoi ne pas d’avantage se préoccuper d’espèces plus fragiles ? Faut-il croire qu’il est sur-protégé parce que c’est le prédateur le plus dommageable pour les bergers et qu’il faut soumettre ceux ci ? Se serait une très mauvaise tactique, croyez moi !
D’après mes estimations, un ours tue 5 fois moins de brebis qu’un seul loup. Or il va quand même occuper un certain espace, même s’il n’a pas de territoire comme une meute de loups. Pour le lynx, il semblerait qu’il disparaisse là ou le loup s’installe. Pourquoi ne défendrait-on pas sa place ? En appliquant une idée comme celle là, on pourrait encore une fois combattre avantageusement un mal par un autre.
Cela demande évidemment d’être plus interventionniste.
Sur le loup, il faut de toute façon changer radicalement de point de vue car la situation (en tout cas dans ce département ci) va très très mal. Pour reprendre mes métaphores médicales, on ne peut malheureusement plus se contenter de médecine douces, il faut de l’antibiotique. Et un antibiotique il ne faut surtout pas en administrer moins que la dose prescrite.
Aujourd’hui, l’acceptation du loup par les bergers n’existe plus du tout. Mais ceux d’entre eux qui ont crus que l’élevage extensif pourrait s’accommoder de la présence du loup seraient heureux de pouvoir retrouver une situation ou cela vaudrait la peine de se réinvestir. C’est ce qui est le plus important aujourd’hui, même dans un projet au départ plus modeste, parce que cela permettra réellement de le développer. La contrainte seule n’y arrivera jamais.
J’ai retenu une phrase très sensée de l’artiste naturaliste Robert Hainard :  « Il faut sauver les espèces animales en danger non pas parce que nous en avons besoin, mais parce que nous avons besoin de développer les qualités humainesnécessaires pour les sauver, et ce seront celles là dont nous aurons besoin pour nous sauver nous mêmes ».
C’est bien vrai ! mais cela demande beaucoup d’authenticité.
Or la promiscuité flagrante entre le combat pour la nature sauvage et l’activité humaine intensiveou les prédateurs n’ont de toute façon aucune place, prouve que notre société en général n’est pas prête aux changements de fond que requiert la présence à sa marge de grands prédateurs, et qu’actuellement, elle ne méritetoujours pas son loup.

Grenoble | Les bergers mobilisés contre leur précarité

Grenoble | Les bergers mobilisés contre leur précarité

Au son des cloches de vache qu’ils agitent, les quelques bergers présents ce vendredi devant l’Espace Rhône-Alpes de Grenoble tentent tant bien que mal de faire entendre leur voix et de sensibiliser les passants à leur cause.

L’espoir de contrats requalifiés

Ces travailleurs sont membres du Syndicat des gardiens de troupeaux de l’Isère (SGT 38), affilié à la CGT. Venus représenter la centaine de bergers isérois, ils dénoncent aujourd’hui la précarité de leur emploi.
« Pour la plupart, nous sommes embauchés en CDD saisonnier par des groupements pastoraux, et d’une année à l’autre, on n’a aucune certitude d’être réembauchés sur l’alpage », explique Leïla Épisse, vachère de mai à octobre, « chômeuse l’hiver ».
Le SGT 38 a été créé après que Michel Didier, son président, s’est vu refuser par les employeurs qui l’embauchaient depuis 14 ans une requalification de son CDD saisonnier en CDI intermittent.
Une amélioration de conditions que les bergers voudraient pourtant voir se généraliser pour leur garantir un emploi plus stable. Patrick Pelle, gardien d’ovins, raconte ainsi ne pas s’être fait réembaucher d’une année à l’autre car ses années d’ancienneté coûtaient trop cher à ses employeurs. Et le berger de rappeler que l’obligation d’embaucher les gardiens de troupeaux en CDI intermittent est inscrite dans le code rural de la convention du travail, mais pas dans les conventions collectives.

Présents pour dénoncer leurs conditions de travail

À ces contrats précaires s’ajoutent, selon les bergers, des conditions de travail difficiles, pour peu de reconnaissance : « Nos boulots nous forcent à être en astreinte permanente, il faut s’occuper des bêtes jour et nuit, en étant payés aux 35 heures », avance Leïla Épisse.
Une situation qui leur est pénible, malgré leur passion pour le pastoralisme.

dimanche 2 mars 2014

Valoriser sa production d’agneaux noirs du Velay !!

www.lamontagne.fr - Brioude - BRIOUDE (43100) - Monique Brun-Bellut travaille d’arrache-pied à valoriser sa production d’agneaux noirs du Velay

Monique Brun-Bellut travaille d’arrache-pied à valoriser sa production d’agneaux noirs du Velay


Rien n’arrête Monique Brun-Bellut, éleveuse à Couteuges. Pour valoriser sa production, elle parie sur la transformation des produits et la vente directe.
Entourée de ses brebis et de sa chienne Dixie, Monique Brun-Bellut se sent bien. Entre l'éleveuse et ses animaux existe une belle entente. Malgré le vent qui souffle ce jour-là, « un vent fou, qui casse tout », il règne sur la ferme d'Oussoulx une impression de sérénité.
« Aujourd'hui, on n'est plus la "femme de". C'est normal et c'est très bien ! »
Le troupeau est composé de deux cents noires du Velay. Une race locale, à la belle laine sombre, que l'éleveuse a choisi avant tout pour la qualité de sa viande. Prendre le virage du bio s'est imposé à elle comme une évidence. « Je ne me voyais pas donner d'ensilage à mes brebis, confie-t-elle. L'idée du bio me plaisait. En conventionnel, on est toujours tenté d'intensifier. À toujours vouloir agrandir, on court après sa vie ! » Et la course en avant, ce n'est pas la tasse de thé de cette jeune agricultrice de quelque cinquante printemps…
Car Monique Brun-Bellut n'est installée à son compte que depuis 2000. Elle qui a longtemps été conjointe d'agriculteur revendique haut et fort cette liberté conquise sur les préjugés. « Je suis drôlement fière quand je vois des femmes qui s'installent. Aujourd'hui, on est plus la "femme de". C'est normal et c'est très bien ! »
Et quand on lui demande si ce n'est pas trop dur de travailler seule, elle secoue la tête en riant. « C'était mon but ! Comme ça, si je rate quelque chose, c'est à moi de rectifier. Je n'ai pas de compte à rendre… »
Autre motif de satisfaction pour l'éleveuse, c'est l'atelier de découpe et de transformation bio qui devrait voir le jour courant novembre à Brioude. Monique Brun-Bellut en est un des fondateurs, et le projet l'enthousiasme à plusieurs titres. D'abord, à titre personnel, car cet atelier va lui permettre d'atteindre l'objectif qu'elle s'est fixé : commercialiser la totalité de ses agneaux en circuit court. Pour l'instant, seul un cinquième de sa production est vendu en direct.
Grâce à l'atelier bio, Monique imagine déjà les produits qu'elle va pouvoir proposer à ses clients. Merguez, saucisse sèche, coppa d'agneau ou ragoût, autant de façon de valoriser la viande savoureuse des noires du Velay, et d'attirer une autre clientèle que celle qui commande la viande fraîche en caissette.
L'atelier est aussi, pour Monique Brun-Bellut, un moyen d'aider les jeunes éleveurs qui démarrent dans le bio. « J'ai bien conscience que la transformation va représenter un très gros travail, mais je persiste », s'exclame l'éleveuse, qui songe à prendre sa retraite une fois que l'atelier aura trouvé son rythme de croisière.
« Je vais finir en apothéose », s'amuse-t-elle en regardant le chemin qu'elle a accompli depuis son installation. En attendant, elle aimerait pouvoir transmettre son exploitation à un jeune agriculteur qui soit dans la même démarche qu'elle. Pour que tout ce qu'elle a bâti perdure. Et que l'agriculture paysanne puisse continuer à exister dans le Brivadois.
Géraldine Sellès