Au Nid de Brebis

Le Nid de Brebis


jeudi 25 août 2016

A Sévérac-d'Aveyron, 700 brebis qui ne passent plus - CentrepresseAveyron.fr

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A Sévérac-d'Aveyron, 700 brebis qui ne passent plus

Le 25 août à 11h05 par Joël Born | Mis à jour il y a 8 heures
Chaque été, lorsque l’herbe se fait rare dans les vallées, Bernard Ségala conduit ses brebis laitières sur les hauteurs du plateau, qui surplombe Saint-Grégoire. En traversant une partie de ce village de caractère.
Chaque été, lorsque l’herbe se fait rare dans les vallées, Bernard Ségala conduit ses brebis laitières sur les hauteurs du plateau, qui surplombe Saint-Grégoire. En traversant une partie de ce village de caractère.
Saint-Gréroire. Ses maisons caussenardes et médiévales, son pigeonnier, son église, classée monument historique, et ses... troupeaux de brebis. Lorsque le garde champêtre lui a amené en mains propres l’arrêté municipal interdisant désormais le passage de ses 700 brebis laitières dans la traversée de ce village de caractère, Bernard Ségala n’en est pas revenu.
Impensable, selon lui. «J’ai pris cela comme un coup de pied au cul. J’en suis blessé, outré», témoigne l’éleveur de 72 ans, qui n’a toujours pas digéré, cette décision récemment prise par la municipalité de la commune nouvelle de Sévérac-d’Aveyron, à la suite de plaintes de quelques villageois, dérangés notamment par les crottes laissées par les animaux sur le macadam.
«Je suis étonné que le maire ait signé un tel arrêté, ajoute-t-il, comme pour mieux exprimer son incompréhension. Ça crée un climat délétère.»
Conduire les bêtes sur le plateau
Chaque été, de la mi-août à la fin septembre, lorsque l’herbe se fait plus rare dans les prairies, en raison de la sécheresse, Bernard Ségala conduit ses bêtes sur les pâturages du plateau de Courry, qui surplombe Saint-Grégoire, en traversant une partie du village. Étant bien entendu que dans le cadre du cahier des charges de l’AOC Roquefort, les brebis doivent pâturer de l’herbe, chaque jour.
« Économiquement, si on me prive de mes 30 hectares sur le plateau, où on a de bons champs, cela met en péril notre exploitation, insiste l’homme au franc-parler. Il y a quarante ans, sur l’ancienne commune de Lavernhe, il y avait trois paroisses, trois laiteries et 44 producteurs de lait de brebis pour Roquefort. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que trois producteurs. Lorsque Roquefort est passé de 30 millions de litres à 180 millions de litres, j’ai suivi le développement et j’ai multiplié ma production par dix. Je suis fier de tout ça. J’ai 72 ans, avec ma femme, on est toujours à la queue des brebis et personne ne veut prendre la relève là-dedans. On me marche sur les orteils et je ne l’accepte pas. Je n’ai aucune leçon à recevoir de deux ou trois pèlerins.S’il n’y avait plus de vaches sur l’Aubrac, on n’aurait plus rien à y faire. Ici, c’est pareil avec les brebis.»
«Cet arrêté est ciblé»
L’éleveur de Saint-Grégoire ne décolère pas et crie à une certaine forme d’injustice. «Cet arrêté interdit uniquement le passage des ovins et non pas celui des bovins. Il est bien ciblé. Pourquoi seulement les crottes de brebis et pas les bouses de vaches», peste-t-il, bien décidé à ne pas lâcher le morceau.
Même s’il se dit prêt à faciliter un compromis, qui pourrait satisfaire tout le monde. «À chaque fois, on a le souci de ne pas salir les rues. Il y a de cela plusieurs années, on avait demandé la création d’une piste à l’est du village, dans le cadre du remembrement. Il y a eu quelques projets et c’est passé à la trappe. Que cet arrêté soit au moins suspendu, cet été, le temps de trouver une solution.»
Une solution d’ici la fin du mois
Lorsque nous l’avons contacté, pour lui demander les raisons d’une telle mesure, qui peut paraître radicale, le maire de la nouvelle commune de Sévérac-d’Aveyron, Camille Gallibert, n’a pas souhaité s’étendre sur l’affaire. Se refusant à gonfler la polémique. « On est en pleines négociations. On travaille là-dessus. On va essayer d’aboutir d’ici la fin du mois, de trouver rapidement une solution à l’amiable, s’est-il contenté de nous préciser. Sachez que l’on a la pression de la préfecture, sur une possible dangerosité, parce que des gens se plaignent...»
On comprend que l’affaire a fait grand bruit dans le Sévéragais. Même au-delà. Jusque dans les bureaux de nombreux élus. «J’ai discuté avec les uns et les autres et l’on peut comprendre les positions des uns et des autres, commente le député Arnaud Viala. Tout le monde est à la recherche d’une solution pour que l’activité agricole puisse coexister avec le résidentiel.»
Et le jeune parlementaire d’assurer, lui aussi, que «ça va se régler.»

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