Montmorillon accueille ce week-end une exposition avicole. Ces éleveurs préservent de la disparition des races régionales comme la poule pictave.
Gilbert Dulac, qui élève des poules pictaves à Montmorillon et Anthony Ré, juge européen.
skerouanton
Au centre équestre, poneys et chevaux font place, jusqu'à ce soir, aux poules, canards, cobayes, lapins et pigeons de la 34 exposition de la société d'aviculture du Montmorillonnais. Cet événement attire chaque année 800 à 1.000 visiteurs. Ce week-end, 750 animaux sont présentés, parmi lesquels des spécimens de races régionales, qui ne doivent leur sauvegarde qu'à des éleveurs passionnés.
La poule pictave entre dans cette catégorie. « Cette race a été créée vers 1900 par le comte Lecointre, à Couhé, dans un but très précis, couver les oeufs des faisans, parce que les faisans couvent mal, explique Gilbert Dulac, qui élève une demi-douzaine de ces petites poules à Montmorillon. La poule ressemble d'ailleurs à la faisanne. Elle n'est pas lourde, elle couve bien et élevait les petits faisans. Aujourd'hui, avec les couveuses automatiques, tout cela n'a plus aucun intérêt. » Aucun intérêt industriel en tout cas. Car la pictave revient en force ces dernières années comme animal d'agrément: « Elle est très belle et on nous en demande beaucoup dans les expositions » se réjouit Gilbert. Et si le coq se montre souvent hargneux, « il défend bien ses poules », la race a de grandes qualités rustiques. « Elle est facile à élever et pond assez bien, elle se débrouille bien en extérieur avec ses petits, confirme Anthony Ré, juge européen en volailles, elle est très appréciée à l'étranger.» A Montmorillon, son rôle est de noter les qualités des différents spécimens présentés, selon les standards de chaque race. Pour la Pictave aux yeux dorés, il faut veiller à la silhouette générale, qui doit tenir dans un cercle parfait, avec une queue arrondie et une poitrine projetée. « Le principe est de croiser les poules et les coqs qui n'ont pas les mêmes défauts pour les éliminer. Mais il faut faire attention car une race peut se perdre très vite avec les croisements consanguins, surtout dans le cas de la Pictave, où l'effectif est régional et donc assez réduit. »
Exposition nationale d'aviculture à Montmorillon. Au centre équestre (entrée de la ville, route de Lussac), de 9h à midi et de 14h à 17 h ce dimanche. Entrée 3€; gratuit moins de douze ans.
La lettre aux bergers Salut à tous ! Ce message pour dire que la lettre aux bergers existe et continuera à exister que si vous écrivez. A vos plumes donc !! Il y a urgence ,quelque soit le sujet EXPRIMEZ VOUS ! Envoyez vos textes avec photos si vous le souhaitez à : ch-christiane@gmail.com Christiane
Le quatrième prix national pour l'agro-biodiversité, organisé par la Fondation du Patrimoine et Ceva Santé animale dote d'un prix de 20 000 euros les éleveurs et les filières qui participent à la valorisation économique des races françaises à faible effectif.
Le jury du prix de l'agro-biodiversité animale axe son choix sur trois critères : la dimension économique du projet, son impact social et environnemental sur un territoire donné, et les actions de sensibilisation et de communication autour d'une race à préserver.
Au même titre que nos "vieilles pierres", nos races font partie intégrante de notre patrimoine vivant. Grâce aux efforts d’éleveurs passionnés et du consentement à payer des consommateurs attentionnés (ne les oublions pas), la très grande majorité des races françaises dites menacées le sont de moins en moins. La majorité des races de bovins, chevaux, ânes, ovins, porcs, volailles ou chiens de travail sont aujourd’hui tirées d’affaires, même si leur avenir repose sur la bonne volonté d’une poignée d’élevages. Malheureusement ce n’est pas le cas dans le reste du monde, où selon un rapport de la FAO, environ 17 % des races d’animaux d’élevage sont actuellement menacées d’extinction et une centaine ont disparu au cours de ces dix dernières années.
LES CONSOMMATEURS ONT BESOIN D’ENRACINEMENT
Depuis quatre ans, le prix pour l’agro-biodiversité récompense les éleveurs qui s’engagent dans la préservation des races à faible effectif. « Un chêne ne pousse haut que s’il a des racines profondes, illustre Marc Prikasky, pdg de Ceva Santé animale, laboratoire français qui finance le prix de l’agro-biodiversité depuis sa création. Dans un monde de plus en plus mondialisé et globalisé, beaucoup de Français ressentent le besoin d’enracinement et de consommer local, ne serait-ce que de temps en temps pour se faire plaisir. C’est le cas par exemple de la filière dinde rouge des Ardennes qui correspond à un achat coup de cœur au moment des fêtes de Noël. Participer à sa mesure à la conservation des races françaises, c’est une façon pour nous de tisser un lien avec le travail de nos ancêtres. Et pourtant, l’objectif de ce prix n’est pas de récompenser "le pittoresque", ni une vision "zoo" de l’élevage, mais bien d’apporter une reconnaissance et une petite aide financière à des projets avec une véritable vocation économique, notamment via des filières courtes et le tourisme. »
En effet des dizaines de filières locales voient le jour, comme la dinde rouge des Ardennes, le veau de race maraichine, le porc noir gascon, ou encore le canard Duclair servit sur les meilleures tables des restaurants rouennais et « cuisiné au sang » devant le client ! En lien avec les éleveurs, les parcs naturels régionaux (PNR) participent souvent à la valorisation économique et à la promotion des races locales.
DE LA DIVERSITÉ POUR S’ADAPTER À L’AVENIR
Cachées derrière le mot fourre-tout de « races rustiques », ces races locales ne sont pourtant pas toutes peu productives. Et derrière certaines se cachent de véritables qualités parfois oubliées. « Biodiversité et patrimoine sont deux notions importantes dont nous avons besoin pour construire ensemble l’avenir des filières de l’élevage », estime Joël Merceron de l’Institut de l’élevage. En effet, cette diversité génétique est l’une des clés pour l’élevage de demain qui devra s’adapter au changement climatique, aux maladies émergentes ou pour produire dans des territoires et des conditions d’élevage difficiles (montagne, marais, plein-air intégral,..) et entretenir des espaces ouverts. On le voit avec l’engouement de certaines communes pour l’éco-pâturage avec des brebis Ouessant, Avranchin ou Solognotes ou bien le défrichage des garrigues à l’aide des chèvres du Rove pour limiter les feux de broussailles.
Pour la plupart des races, il s’agit davantage de reproduction dans un but de « conservation » que de « sélection ». Et si les races à viandes parviennent à trouver des éleveurs, beaucoup de races laitières ou mixtes ont bien du mal à maintenir leur caractère laitier faute de performances suffisantes par rapport aux races spécialisées : vaches Bretonnes pie noire, Froment du Léon, Villars de Lance, Vosgiennes, chèvres Poitevines ou Lorraine, brebis Thônes et Marthod,…
PRIX NATIONAL DE L'AGRO-BIODIVERSITÉ ANIMALE
Au Salon de l’agriculture, sur le grand ring du Hall 1, trois projets se sont vus récompensés par la Fondation du Patrimoine, Ceva Santé animale et le ministère de l'agriculture.
Vidéo de présentation des trois lauréats (Ceva TV) :
1er prix pour l’Association des producteurs de dindes rouges des Ardennes : 10 000 €
La dinde rouge des Ardennes est une race locale très ancienne, connue depuis le XVIe siècle. Très proche de l’extinction, cet oiseau de basse-cour au plumage rouge fauve fut sauvé in extremis et relancé à partir de 1985. L’association regroupe une dizaine d’éleveurs qui développent et mettent en valeur les qualités gustatives de sa chair. La race progresse avec aujourd’hui une production de 10 000 dindes et dindons par an. « Les dindonneaux éclosent en mai et croissent lentement en plein air pour finir sur les tables à Noël. Pas de problème pour les dindes mais les dindons sont trop lourds et nous devons trouver d’autres débouchés avec des produits transformés et de la viande découpée », explique Cyriaque Godefroy éleveur dans les Ardennes. L’association souhaite investir pour développer les outils d’abattage de grosses volailles, de découpe et de transformation afin d’élargir sa clientèle. Le jury a été séduit par ce dossier construit, solide, et a souhaité, à l’unanimité, récompenser un combat de plusieurs années.
2e prix pour Adrian Rigal, éleveur de brebis raïoles (Aveyron) : 6 000 €
La brebis raïole appartient à la famille des races caussenardes qui regroupe également la lacaune (lait et viande), la caussenarde des garrigues, la causse-du-lot et aussi la préalpesdu-sud. La brebis raïole est une race des Cevennes à très petits effectifs (2 000 individus) qui a manqué de disparaître dans les années 1960 suite à des croisements anarchiques. Adrian et Lucas Rigal, jeunes éleveurs dynamiques, entendent accroître leur cheptel (composé actuellement de 240 brebis) et développer la vente directe des agneaux grâce à un atelier de découpe. Sensible au territoire, Adrian Rigal souligne l’importance de conserver un patrimoine, une identité, et, la Raïole est une race adaptée au terroir cévenol. Il souhaite étendre son projet d’agropastoralisme au niveau local (auprès des collectivités et des particuliers).
3e prix pour la filière locale Canard de Duclair avec le Parc naturel régional des boucles de la Seine normande (Seine-Maritime) : 4 000 €
C’est la localité de Duclair, en Seine-Maritime (Normandie), qui a donné son nom à ce canard. Il est issu de canards régionaux, en particulier du canard de Rouen. Face à la disparition du dernier élevage professionnel de canards de Duclair, le PNR a créé un conservatoire de canards de Duclair en 2014, afin de conserver la génétique de cette race en danger d’extinction dont le berceau se situe sur le territoire du parc. Le parc souhaite créer une filière locale et valoriser ce canard aux grandes qualités gustatives. Le jury a été sensible à l’aspect de sécurisation de la production d’œufs pour l’approvisionnement de la filière.
Les paysages alpins sont menacés et, avec eux, un patrimoine unique au monde pourrait disparaître. Car les alpages sont sur le déclin. Les réalisateurs ont suivi un berger, un ingénieur forestier et des bénévoles qui s'impliquent dans la préservation de cet écosystème.