Bulletin ESN: Automne 2015 | Shepherd Net
Chers amis,
Chers bergers et éleveurs,
Les troupeaux sont redescendus des hautes plaines et se préparent pour l’hiver. Des négociations sur le climat se sont tenues à Paris, mais les résultats de celles-ci sont prédits insuffisants pour éviter que le réchauffement climatique atteigne des niveaux dangereux. La réalité fait déjà état d’un temps plus sec, de sécheresses plus fréquentes, et d’écosystèmes perturbés. Les agriculteurs du monde entier sont les premiers touchés par le réchauffement de la planète. Bien que l’agrobusiness soit fortement responsable d’émissions de gaz à effet de serre à cause d’une agriculture intensive et de l’utilisation de produits chimiques, le pastoralisme représente une agriculture respectueuse de l’environnement pouvant nourrir tout le monde sans affecter le climat. Stop au productivisme ! La transhumance, le nomadisme, l’élevage extensif représentent non seulement des pratiques durables, mais aussi une diversité de cultures et de traditions anciennes dans le monde entier. En ces temps de repli sur soi, les éleveurs proposent une compréhension du monde reposant sur des valeurs d’ouverture, d’adaptabilité et de relations en harmonie avec la nature. C’est pourquoi le réseau ESN se bat pour la préservation du pastoralisme et du mode de vie des bergers européens, mais aussi, à une échelle mondiale, en tant que section régionale de l’Association Mondiale pour les Peuples Indigènes Mobiles (WAMIP – World Alliance of Mobile Indigenous Peoples). Suite au plan d’action déterminé en juin dernier, à Coblence, par nos organisations membres, nous œuvrons à la tenue d’une réunion internationale sur la prédation en 2016. En attendant, retrouvez les actualités pastorales de cet automne.
— L’équipe du réseau ESN
Allemagne
Débat public sur le cas du loup
Le membre du réseau ESN Bundesverband Berufsschäfer (BVBS) a organisé un atelier nommé « Des clôtures contre les loups » le 10 octobre à Bettenfeld, dans le Rhénanie-Palatinat.
Les bergers présents ont longuement débattu de la question du loup et du projet de gestion des loups en Allemagne, qui met en place la provision de fonds pour des mesures de protection et des compensations dans des zones où la présence de loups est connue.
Dans un communiqué public, le BVBS a déclaré que « les populations de loups en Europe sont revenues à un point où cette espèce n’est aujourd’hui plus menacée d’extinction. La convention de protection internationale ne devrait donc plus s’appliquer aux loups ». Bien que le plan de gestion prévoie déjà des dispositions pour éliminer les loups s’approchant fréquemment d’implantations agricoles ou de jardins d’enfants, le BVBS tire la sonnette d’alarme : « il ne faut en aucun cas apprivoiser ou nourrir des loups, car ils pourraient alors ne plus craindre l’homme ». Il faut éviter le croisement de loups hybrides. Les conséquences d’un tel trafic ne doivent absolument pas être négligées.
Région des Samis
Anniversaire du Centre International de Renniculture et de l’Association Mondiale des Renniculteurs
En novembre, le Centre International de Renniculture (ICR) et l’Association Mondiale des Renniculteurs (WRH) ont célébré leur anniversaire à Yakoutsk – 10 ans pour l’ICR et 25 ans pour la WRH. À cette occasion, un séminaire a été organisé et une partie de l’équipe de l’ICR et la WRH se rendra à Tcherski, un petit village de la république de Sakha, au nord-est de la Russie. Là-bas, des réunions avec l’Université arctique se tiendront pour rencontrer des renniculteurs, et une semaine sera consacrée à la nourriture traditionnelle en relation avec le projet EALLU.
Le projet EALLU « Jeunesse rennicultrice, Adaptation au changement climatique et Culture alimentaire » a été promu par le Comité de Travail du Conseil Arctique pour le Développement Durable à l’issue de la présidence canadienne en 2015. EALLU est un terme same signifiant « bétail ». L’objectif du projet EALLU est d’étudier la culture alimentaire des renniculteurs au travers du savoir traditionnel, l’adaptation au changement climatique et la jeunesse. L’EALLU allie travail académique, éducation, séminaires et culture alimentaire dans toute l’Eurasie et repose sur l’idée que l’implication de jeunes indigènes et le savoir traditionnel sont essentiels pour assurer un avenir durable dans la région arctique.
Espagne
Lutte des bergers pour le maintien des pâturages boisés dans la PAC
Suite à une pétition lancée par le membre du réseau ESN FEP (Fédération espagnole de Bergers) pour le maintien de l’éligibilité des pâturages boisés aux subventions de la PAC, un rapport détaillé a été publié conjointement par la Plateforme espagnole pour l’élevage extensif et le pastoralisme et par le Forum européen sur la préservation de la nature et le pastoralisme (European Forum on Nature Conservation and Pastoralism, EFNCP). Ce rapport réfute les arguments avancés par les auditeurs européens et les autorités espagnoles pour limiter les subventions pour ces terrains.
Des milliers d’agriculteurs espagnols ont subi des réductions ou des annulations de subventions pour des pâturages éligibles actifs depuis des années. La décision unilatérale des autorités espagnoles découle d’inspections menées par la Commission européenne, qui a demandé pendant plusieurs années la réduction de subventions directes au titre du premier pilier de la PAC pour les pâturages très boisés (arbres et arbustes). Pour faire face aux sanctions imposées par la Commission, l’Espagne limite drastiquement l’éligibilité des pâturages boisés.
Le « Rapport de l’éligibilité aux subventions directes de la PAC des pâturages boisés espagnols » remet en cause les bases techniques et scientifiques de ces décisions. Il révèle également que l’exclusion des pâturages boisés n’est pas conforme aux nouvelles réglementations européennes, qui prévoient d’exclure uniquement les pâturages non broutés.
Plus tôt cette année, la forte mobilisation d’associations pastorales locales telles que la FEP a mené à la signature par 60 organisations d’une pétition destinée au Directeur Général de l’Agriculture de la Commission européenne, Jerzy Bogdan Plewa, afin de l’informer des problèmes causés par ses auditeurs.
Photo © Francisco Marquez
Ailleurs dans le monde
Mongolie : la collaboration de l’État et de l’OIE pour préserver le pastoralisme
Dans un récent communiqué de presse faisant suite à la venue en France du président de la Mongolie Tsakhia Elbegdorj en novembre, Bernard Vallat, le Directeur Général de l’Organisation mondiale pour la santé animale (OIE), a déclaré que l’OIE s’engageait à soutenir l’amélioration des services vétérinaires et des mesures de préservation du pastoralisme en Mongolie au travers d’une conférence de haut niveau sur le pastoralisme et les civilisations nomades en 2016, parrainée par le président mongole et l’OIE.
La Mongolie a une forte tradition pastorale. Ses communautés agricoles traditionnelles ont développé un immense ensemble complexe de connaissances sur la gestion de leur bétail (principalement des yacks). Aujourd’hui, ce mode de vie est menacé par les mêmes risques auxquels le pastoralisme est confronté dans toutes les régions du monde. L’objectif majeur de l’accord est d’apporter un soutien à la résistance des communautés pastorales mongoles et à leur savoir traditionnel, qui fait partie de l’héritage de l’humanité, en améliorant les soins apportés aux animaux.
Traduction réalisée par Caroline Halap et révision réalisée par Morgane Salou, au nom de l’initiative PerMondo. L’agence de traduction Mondo Agit a contribué à cette traduction de l’anglais.