"Les métaux lourds et autres polluants contenus dans les boues de stations d’épuration se retrouvent dans nos assiettes et celles de nos enfants (elles servent à accélérer la fermentation du compost industriel, sur lequel poussent nos légumes). Créons un label de compost "propre" pour mettre fin à cet empoisonnement silencieux." Lire le cri d'alarme du courrier du lecteur.
"Je m'appelle Yves Carl et je ne peux plus me taire sur le grave problème sanitaire posé par les végétaux pollués de métaux lourds qui arrivent dans nos assiettes après avoir poussés grâce à du compost enrichi de boues de stations d'épuration.
Ces boues sont le résidu du traitement de l'eau des stations d'épuration des grandes agglomérations. Elles concentrent les rejets des habitations (mais aussi des industries), qui contiennent de redoutables perturbateurs endocriniens (hormones, bêta-bloquants, antibiotiques, stéroïdes…) mais aussi des pesticides, des métaux lourds, des produits pharmaceutiques et des détergents.
La triste catastrophe écologique de la vallée maraîchère de Pierralye (interdite pour longtemps encore à la culture à cause de cet empoisonnement) a servi de leçon et les step rejettent aujourd'hui au réseau une eau en principe assez bien nettoyée.
Mais les polluants n'ont pas disparu comme par magie : ils sont simplement déplacés et concentrés dans les boues résiduelles, qui servent notamment à accélérer la fermentation sur les plate-formes de compostage.
Or, ce compost sert à la production de végétaux comestibles, qu'on retrouve dans nos assiettes. Aucune loi n'interdit son utilisation pour l'agriculture biologique (celle qui alimente aussi les cantines scolaires qui ont fait l'effort du bio), ni pour les repas d'hôpitaux (dont les maternités), les pots de nourritures pour bébés, les restaurants d'entreprises, les conserves, les surgelés … ni même les légumes qu'on cultive soi-même dans son propre potager, si on l'enrichit avec du compost du commerce !
Le problème n'est pas nouveau. des organismes planchent encore sur des solutions possibles pour ôter ces polluants des boues de stations d'épuration. Mais hélas, si la technologie existe, son coût semble rebuter les décideurs et le problème n'est pas à la veille de recevoir une solution.
Pendant ce temps, ces métaux lourds s'accumulent dans nos organismes et celui de nos enfants (ils ne sont pas évacués). Et c'est là le danger car si aucune dose n'est immédiatement mortelle aux taux autorisés, personne ne peut prétendre avoir assez de recul pour définir le seuil cumulatif dangereux, chaque individu étant différent. Le plus élémentaire principe de précaution exige clairement d'interdire de jouer à la roulette russe avec la vie des consommateurs.
C'est pourquoi je demande la création d'un label de compost "propre", garanti sans adjonction de boues polluées de stations d'épuration, qui permette aux cultivateurs de s'engager à fournir des produits exempts de ces poisons à retardement. Ainsi, on pourra éviter, notamment aux personnes les plus exposées (femmes enceintes, personnes âgées, malades, nourrissons…), des empoisonnements insidieux en choisissant de se fournir uniquement auprès de filières n'utilisant que du compost propre."